Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du 17 novembre 2015 à 21h30
Protection des sportifs de haut niveau — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Mais c’est tout aussi difficile car il faut côtoyer les meilleurs, les plus grands. Cela demande une capacité de progression, de dépassement de soi tout à fait extraordinaire.

Sportif de haut niveau, c’est aussi avoir peu de temps, à un moment de la vie où l’on n’est pas forcément porté naturellement sur l’effort, quand d’autres plaisirs, d’autres incitations pourraient vous attirer dans d’autres directions.

Je vais, dans ce débat, enfoncer au moins autant de portes ouvertes que certains de mes collègues. d’abord, c’est une très bonne chose que d’offrir un statut aux sportifs de haut niveau. C’est un signe des temps : il faut que ce segment de notre population qui fait rêver, qui a une capacité d’attraction extrêmement forte sur nos contemporains, soit encadré et bénéficie d’un statut. Personnellement, je le voterai.

En ces jours difficiles et troublés, il n’est pas inutile de procéder comme nous le faisons pour toutes les élites – du moins, je le pense –, à savoir enseigner un minimum d’instruction civique et de morale, et rappeler que dès lors que l’on atteint le sommet, on a précisément une grande responsabilité. Cette responsabilité impose que l’on ait une attitude à tout moment remarquée et, si possible, remarquable.

Il y a ceux qui, toutes voiles dehors, ont réussi parce qu’ils étaient les meilleurs, parce qu’ils ont été reconnus de leur temps, parce que la chance a voulu frapper à leur porte. Ils sont devenus connus et protégés.

Il y a ensuite ceux qui avaient le même talent, la même volonté d’arriver, mais à qui il a manqué un petit quelque chose ; et pourtant, ils étaient tous animés par cette même soif de se dépasser. Il est bien nécessaire de leur apporter une protection.

Il est nécessaire également de protéger ceux qui ont vu leur statut bouleversé en quelques jours, en quelques semaines : combien de très grands sportifs dont nous avons la légende en mémoire se sont ainsi trouvés propulsés au sommet en partant de rien ? Dans ces cas-là, il y a de quoi perdre la tête.

Il faut donc, comme vous avez voulu le faire, monsieur le secrétaire d’État, inciter tous les formateurs et, au-delà, les grands clubs professionnels et les grandes équipes à mettre en place des défenseurs d’intérêts pour ces jeunes gens qui n’ont pas la maturité ni l’expérience de vie, et qui ne sont pas encore « au niveau » si je puis dire pour le niveau qu’ils peuvent atteindre du jour au lendemain. Un très grand progrès sera ainsi accompli.

Je souhaite enfin que le sport de haut niveau ne nous fasse pas basculer du mauvais côté des jeux du cirque romains et qu’il contribue encore à une certaine élévation de l’âme, de l’esprit. Ce que j’ai vu des dernières compétitions internationales envoie un signe plutôt optimiste à cet égard. Quand on entend descendre de ces travées multicolores et remplies de monde ces merveilleux hymnes de paix, connus du monde entier, cela donne un petit frisson.

Si nous y parvenons, je crois, monsieur le secrétaire d’État, que la France aura, une fois de plus, su marquer le chemin de son empreinte – même si nous avons pris une raclée contre les All Blacks ! – pour les années, les décennies et les siècles à venir, en allant au-delà de tout ce que l’on peut imaginer, rien que pour le plaisir de réussir soi-même et le plaisir de donner du bonheur aux autres.

La seule question, difficile à résoudre en ce monde, est de savoir où commence et où finit l’exploitation de l’homme par l’homme. Le présent texte permettra peut-être un jour d’y répondre.

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