Madame la députée, vendredi soir, les terroristes se sont attaqués à l’âme de la France, à sa culture, à son mode de vie, à sa diversité. Le monde de la musique tout entier – artistes, producteurs, tourneurs, organisateurs de spectacles – est en deuil et pleure ses disparus. Mais, à l’obscurantisme, à l’intolérance, à l’intimidation, il veut déjà répondre et opposer la vie, le partage et le plaisir de l’art.
Le Gouvernement est au côté des lieux de culture, avec un double objectif : d’abord, assurer la protection du public et de tous les acteurs culturels, qui déjà reviennent dans les musées et dans les salles de spectacles. En lien avec le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, et la préfecture de police, mon ministère aide les organisateurs de spectacles à mettre en place toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité, notamment le renforcement de la présence visible des forces de l’ordre. J’ai déjà tenu plusieurs réunions pour examiner les besoins de chacun : dimanche, avec les directeurs d’établissements culturels ; lundi, avec la filière musicale au Centre national de la chanson, de la variété et du jazz ; hier encore, avec exploitants de salles et producteurs de musique.
Il convient par ailleurs d’anticiper les difficultés que vont rencontrer les acteurs du spectacle vivant, notamment les plus fragiles d’entre eux, du fait des annulations, de la baisse de fréquentation des lieux, ou des investissements de sécurité à engager. Pour cela, j’ai décidé de créer un fonds de solidarité, doté à ce jour de 3,5 millions d’euros par les pouvoirs publics et 500 000 euros par la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, la SACEM. Ce n’est qu’un début, car je souhaite que d’autres contributions puissent venir compléter ce montant.
Je travaille également avec la Fédération des salles de cinéma sur le renforcement de leur sécurité, et j’ai demandé que les dépenses d’équipement de sécurité soient éligibles aux aides du Centre national du cinéma et de l’image animée – CNC –, ce qui sera fait dans les prochains jours.
Madame la députée, j’étais avant-hier au Louvre, pour sa réouverture, hier au musée d’Orsay, au musée Picasso et au Zénith. J’y ai vu des fonctionnaires et des salariés ébranlés, mais debout, et je veux rendre hommage à leur dévouement. J’ai vu aussi un public ardent. La France dansera à nouveau, chantera à nouveau, dessinera de nouvelles caricatures, et notre culture restera fière, insolente et libre.