Intervention de Carlos Da Silva

Séance en hémicycle du 19 novembre 2015 à 9h30
Prorogation de l'état d'urgence — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCarlos Da Silva :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, monsieur le secrétaire d’État, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, le 5 septembre 1870, Victor Hugo, rentrant à Paris après dix-neuf ans d’absence, déclarait : « Sauver Paris, c’est plus que sauver la France, c’est sauver le monde.

« Paris est le centre même de l’humanité. Paris est la ville sacrée.

« Qui attaque Paris attaque en masse tout le genre humain.

« Paris est la capitale de la civilisation, qui n’est ni un royaume, ni un empire, et qui est le genre humain tout entier dans son passé et dans son avenir. »

C’est pour cela que les attaques ignobles de vendredi dernier ont, au-delà de l’émotion, de l’horreur, de la compassion qui se sont fait jour chez nos concitoyens, poussé le monde entier à se mettre aux couleurs de la France.

Il faut l’avoir à l’esprit, dans chacune des décisions que nous prenons et prendrons : nous sommes la France et nous sommes regardés. Aussi, il convient que nous soyons à la hauteur.

C’est ce qui explique les décisions que nous avons prises dès le début du quinquennat, et que nous avons encore renforcées au lendemain des attaques de janvier. Prolonger de trois mois l’état d’urgence, et l’adapter à l’évolution des technologies et des menaces ne relève pas du gadget. C’est utile. C’est nécessaire, face à des hommes et à des femmes minutieusement préparés, froidement déterminés, ultra-violents et qui ne reculent devant rien.

La lutte doit être totale. Le résultat des perquisitions le montre. Des armes de guerre sont saisies. Les terroristes sont traqués. Nuit et jour, partout, nous nous battons.

Si nous sommes aujourd’hui très nombreux à nous accorder sur la nécessité de ce texte, j’entends aussi dire qu’il pose des questions en matière de garantie des libertés. La sécurité, chacun l’a souligné, est la première de nos libertés.

Tout doit être fait pour garantir l’État de droit. Nous ne devons avoir aucune limite pour que force reste à la loi et pour nous protéger, car protéger les personnes, notre démocratie et notre mode de vie, est notre mission essentielle.

La sécurité de nos concitoyens n’est pas négociable. D’ailleurs, ce texte est une nouvelle étape, après que beaucoup a déjà était fait. L’arsenal législatif a été considérablement renforcé par des moyens humains et budgétaires, mais aussi dans une approche pragmatique, lucide, contre tous les aspects du terrorisme : plan contre la radicalisation violente et les filières, loi renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme, plan d’action contre le financement du terrorisme, loi sur le renseignement, loi de programmation militaire, état d’urgence.

Le Premier ministre l’a rappelé : le texte est une réponse juridique de court terme, provisoire. Si des outils existent, nous devons nous en saisir, les renforcer et les adapter à cette nouvelle menace protéiforme. Au fond, les dispositions que nous adopterons aujourd’hui et la portée que nous donnerons au texte vont déterminer, bien au-delà de trois mois, ce que nous ferons demain.

Pour cela, l’opposition républicaine doit poursuivre le chemin qu’elle a entamé hier en commission des lois et aujourd’hui même à cette tribune. Je l’engage à travailler avec nous, sur la proposition du Président de la République, à la réforme de la Constitution.

Rapidement, nous devons y intégrer les réflexions figurant dans différents travaux parlementaires, comme le rapport de Patrick Mennucci, celui de Sébastien Pietrasanta ou celui de Malek Boutih.

Aucun angélisme, aucun recul sur nos valeurs, aucun coup de canif dans nos principes. Intransigeance, efficacité, rapidité, discernement, humilité, lucidité sont les termes qui doivent guider notre action. Arrêtons d’excuser. L’accablement, la sidération, la colère nous obligent à agir. Les Français n’excusent pas.

S’ils éprouvent non seulement de la crainte mais de la colère, c’est parce que la France est un pays généreux, ouvert, accueillant. Tous ceux qui veulent tester la résistance de la République doivent savoir que nous ne reculerons pas, ceux qui veulent assassiner nos concitoyens, cela va sans dire, comme ceux qui mettent à mal notre façon de faire société ou les fondements de celle-ci.

On ne défie pas la République. Le moindre millimètre rogné sur nos libertés est un début de victoire pour les extrémistes, a fortiori pour les terroristes. Sur ce point, nous devons être inflexibles.

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