Dans les heures difficiles que nous traversons, l’unité est notre force. Celle-ci doit puiser dans ce qui fonde notre pacte commun.
Il nous est demandé de proroger l’état d’urgence de trois mois. La gravité de la question mérite que tous les points de vue soient respectés, en particulier qu’on ne cherche pas à faire taire les voix des vigies qui nous alertent sur les risques démocratiques que nous courons. Nous devons les écouter attentivement, au contraire, pour mesurer que nous sommes sur la corde raide.
La France est encore sous le choc. Nous devons nous protéger sans nous renier, nous défendre sans nous trahir, nous battre sans nous perdre. L’amour de la démocratie et de nos libertés est précisément ce qui nous oppose si radicalement à l’ennemi qui a juré notre perte.
Pour ma part, je voterai l’article 1er et la prorogation de l’état d’urgence, parce que j’estime en conscience que les événements nous y contraignent et que je tiens à ce que les moyens nécessaires s’appliquent sans délai pour lutter contre la menace qui nous frappe.
Sans délai, mais avec une limite ferme. Disons les choses nettement : l’état d’urgence temporaire ne saurait ouvrir la voie à l’état d’exception permanent.
Notre vote n’est donc pas un blanc-seing. L’acceptation de la prorogation de l’état d’urgence ne vaut pas quitus mais s’inscrit dans un contexte précis et ne vaut que pour celui-ci.
Le contrôle parlementaire doit s’exercer sur l’état d’urgence et tout doit être fait pour sortir au plus vite de ce dernier.
Si nous voulons sortir vainqueurs de ce combat, nous ne pouvons nous limiter aux mesures policières, si indispensables soient-elles.
« Lutter contre le terrorisme, […] c’est lutter contre ce qui l’engendre », selon la belle formule de Germaine Tillion. L’esprit de résistance nous rappelle que nous devons refuser la division, que notre sécurité dans la durée et la défense de nos valeurs passent par l’affirmation de nos croyances dans l’éducation, l’humanisme et la culture en tant que vecteurs de lutte contre la barbarie, au sein de la société et ici aussi.