Mais une question se pose, monsieur le Premier ministre, et nous devrons avoir ce débat à un moment donné, car les Français le souhaitent : maintenant que nous sommes dans le cadre de l’état d’urgence, il faut réfléchir, nous demander pourquoi nous en sommes arrivés là.
Je ferai deux remarques. D’abord, il faut sérieusement évaluer notre politique de sécurité. La réforme qui a été faite, avec la suppression des renseignements généraux, l’affaiblissement de notre appareil de sécurité et la suppression des postes, est une des causes de la situation dans laquelle nous nous trouvons.
La deuxième remarque tient à l’évaluation lucide des inflexions de notre politique étrangère, qui nous amènent également en partie dans cette situation. Je suis très sceptique face aux arguments basés sur la guerre à la terreur – war on terror, comme disait George W. Bush – ou l’ennemi intérieur par exemple. La menace à laquelle nous faisons face est très dangereuse mais fait partie des relations de force que nous pouvons avoir entre États, et maintenant avec un proto-État comme l’État islamique. Je me réjouis que le Président de la République ait enfin décidé de saisir le Conseil de sécurité des Nations unies pour que nous adossions nos opérations à la légalité internationale plutôt que de rester dans la pure vengeance. Nous devons faire un examen sérieux des lacunes de notre politique étrangère.