Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Séance en hémicycle du 19 novembre 2015 à 9h30
Prorogation de l'état d'urgence — Article 4

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Je comprends parfaitement que le Gouvernement estime que l’interdiction d’un certain nombre de moyens de communication – presse écrite, presse audiovisuelle – n’est plus d’actualité et qu’il veuille la supprimer. C’est une forme de sécurité pour nos libertés publiques et pour le débat démocratique. Je souhaite néanmoins, et c’est l’objet de cet amendement, alerter le Gouvernement. Si nous avons vu en janvier que l’information spectacle pouvait donner lieu à des abus dangereux, nous constatons cette fois-ci que les médias traditionnels ont exercé un « droit d’inventaire » et se montrent beaucoup plus responsables. À l’inverse, est-il vraiment raisonnable de s’interdire toute possibilité d’interrompre la diffusion d’informations via des réseaux sociaux ou des sites internet au moment même où ceux qui nous font la guerre exploitent chacune de nos failles ?

Imaginez, monsieur le Premier ministre, ce qui pourrait se produire dans les jours qui viennent s’il s’avérait que le cerveau ou le commanditaire présumé des attentats de la semaine dernière n’était pas à Saint-Denis hier. S’interdire de bloquer la propagande de ces gens-là ne me paraît pas raisonnable. Vous devez conserver ce droit – c’est un parlementaire qui vous le demande !

On entend souvent que la radicalisation s’effectue en prison ; mais moins de 15 % des détenus qui sont en prison pour faits de terrorisme y ont déjà séjourné auparavant. La prison n’est donc pas le principal lieu de recrutement. Les discours radicaux ou salafistes tenus dans un certain nombre de mosquées ont certes permis le recrutement de terroristes, mais c’est d’abord et avant tout par la communication électronique, les sites internet et les réseaux sociaux que se font cet endoctrinement, cet embrigadement.

Par pitié, monsieur le Premier ministre, conservez cette capacité à agir et à réagir dans le cadre de l’état d’urgence ! Cela n’obère en rien la vie démocratique de notre pays. Nous sommes sûrs qu’il n’en sera pas fait abus, et si tel était le cas, les médias traditionnels ne manqueraient pas de s’en apercevoir et de le dénoncer. Gardez au moins cette arme entre vos mains, puisqu’internet est aujourd’hui l’un des principaux vecteurs de recrutement et de mobilisation de ces gens-là !

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