Intervention de Marisol Touraine

Séance en hémicycle du 24 novembre 2015 à 21h30
Modernisation du système de santé — Article 5 a

Marisol Touraine, ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes :

Olivier Véran s’étant fortement engagé en faveur de ces dispositions et ayant souligné l’importance qu’il leur accordait, je veux préciser qu’évidemment, nous devons faire en sorte que les troubles du comportement alimentaire soient rigoureusement pris en charge et encadrés.

L’image du corps dans notre société et la pression qui s’exerce en faveur de la minceur ont des conséquences incontestablement délétères sur les comportements alimentaires et la position sociale des personnes dont l’apparence ne correspond pas à ces critères. Cette préoccupation-là, qui était portée par le rapporteur de l’époque, nous ne pouvons pas l’écarter d’un revers de la main. C’est pourquoi je souligne que le Programme national nutrition santé ne se préoccupe pas uniquement de l’obésité, mais aussi de ce qu’il y a en miroir, c’est-à-dire la maigreur excessive.

Plusieurs dispositions du texte avaient été introduites par le rapporteur Olivier Véran. Celle que nous examinons actuellement consiste à réprimer l’incitation à la maigreur excessive, que l’on peut notamment observer sur certains sites. Toutefois, des spécialistes de la prise en charge de la maigreur excessive nous ont signalé que l’option envisagée, à savoir une modification du code pénal prévoyant des peines d’un an d’emprisonnement et de 10 000 euros d’amende pour le fait de provoquer une personne à rechercher une maigreur excessive en encourageant des restrictions alimentaires, pourrait soulever des difficultés.

En effet, il importe de ne pas rejeter dans la clandestinité des jeunes – et des moins jeunes – qui seraient en situation de maigreur excessive. Il semble indispensable de ne pas rompre le contact avec les sites qui s’adressent à ces personnes et de maintenir coûte que coûte un lien entre les malades et les professionnels susceptibles de les prendre en charge.

C’est pourquoi, à la suite des discussions que nous avons eues avec les professionnels ainsi qu’avec plusieurs membres de la commission, j’émets un avis favorable sur l’amendement de la présidente.

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