Intervention de Patrick Hetzel

Réunion du 18 novembre 2015 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Hetzel :

L'enseignement supérieur est un sujet stratégique et, contrairement à ce que j'ai parfois entendu, l'a aussi été entre 2007 et 2012, période au cours de laquelle l'investissement public par étudiant n'a cessé d'augmenter, ce qui n'est désormais plus le cas – preuve que le quinquennat précédent fut plus faste que celui-ci pour l'enseignement supérieur.

J'en viens au rapport qui nous est présenté. Première remarque : votre comité a certes travaillé dans le cadre fixé par le législateur, mais j'aurais souhaité que vous présentiez votre propre point de vue sur les missions de l'enseignement supérieur.

Ensuite, parmi les quarante propositions que vous formulez, vous suggérez que les établissements d'enseignement supérieur travaillent en direction de la formation tout au long de la vie : nul ne souhaitera le contraire, mais quelles modalités concrètes envisagez-vous à ces fins ? Vous préconisez aussi l'augmentation du nombre de titulaires de doctorat : pour quelle raison et dans quel but ?

D'autre part, je regrette que vous n'ayez fait que peu de cas de la mission d'insertion professionnelle, qui nous est chère, d'autant plus que vous indiquez vous-même – c'est le cinquième axe de votre rapport – que les établissements d'enseignement supérieur doivent répondre aux aspirations de la jeunesse. Or, toutes les enquêtes montrent que l'emploi et l'employabilité sont la principale préoccupation des jeunes. On ne saurait donc traiter ce sujet à la marge du reste ; il faut au contraire lui accorder une attention particulière.

Je m'étonne que vous omettiez d'évoquer l'enseignement supérieur privé. Il existe pourtant bel et bien et comprend de nombreux établissements sous contrat avec le ministère ; surtout, bon nombre de ces établissements jouent un rôle très important, notamment sur le plan international – je pense aux grandes écoles de management. Pourquoi cet angle mort ?

Enfin, vous préconisez le statu quo en matière de droits d'inscription. C'est assez incompréhensible au regard des propositions formulées par la Conférence des présidents d'université elle-même ! Quelles sont les raisons qui justifient une telle position, alors que d'autres pays – l'Espagne, l'Italie, le Royaume-Uni – ont décidé, entre autres mesures, d'augmenter les frais d'inscription pour améliorer les ressources des établissements d'enseignement supérieur ?

Autre sujet tabou : la sélection à l'entrée en master. Pourquoi avoir pris le parti de ne pas l'aborder ?

Je conclus : vous préconisez un rattrapage des efforts budgétaires afin que le financement public des étudiants en université soit équivalent à celui des étudiants en classes préparatoires aux grandes écoles. À ce compte-là, il faudrait augmenter le budget de l'enseignement supérieur de 2,4 milliards d'euros : est-ce vraiment réaliste ?

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