Je constate que le comité pour la StraNES ne compte que deux représentants de la société civile et du monde de l'entreprise. Pourquoi s'être limité à ces deux personnes, sachant que la concertation entre les instances de l'enseignement supérieur et les entreprises est cruciale ? N'eut-il pas mieux valu associer un plus grand nombre d'entrepreneurs du secteur privé à la rédaction de ce rapport ? En effet, les jeunes diplômés sont les premières victimes du chômage et si leur recherche d'emploi demeure infructueuse, c'est souvent à cause de l'inadéquation entre l'offre et la demande. Dans bien des cas, ils choisissent une filière dans laquelle la demande des entreprises est faible. Dans ma circonscription, par exemple, plusieurs jeunes ont choisi de s'orienter vers les métiers de la mode et du design, un secteur dans lequel les débouchés sont peu nombreux, contrairement à d'autres métiers très recherchés – soudeur, menuisier ou encore mécanicien, par exemple – dans des entreprises en pointe, en matière de soudure de fibre optique notamment. De même, un IUT forme aux métiers de l'informatique, dans lesquels les débouchés professionnels sont innombrables ; pourtant, le nombre de filles orientées vers cette filière est très faible. Il est donc essentiel de nouer un dialogue approfondi entre les universitaires représentant l'enseignement supérieur et les dirigeants du secteur privé. Qu'en pensez-vous ?
Votre troisième proposition vise à « atteindre 200 000 apprentis par an d'ici 2025 en encourageant les formations alternées, y compris dans les cycles longs ». En avril 2014, la commune de Tomblaine, dont je suis le maire, a organisé un salon de la promotion de l'apprentissage qui a rencontré un franc succès. L'idée y est née de créer une agence nationale de l'apprentissage sous la forme d'une autorité administrative indépendante. L'interlocuteur unique qu'elle deviendrait pourrait combler le chaînon manquant entre le monde de l'éducation nationale, les centres de formation d'apprentis, les employeurs, les organisateurs et collecteurs de la taxe d'apprentissage, ainsi que les jeunes et leurs parents. En effet, le lien pourtant primordial entre l'école et l'entreprise est encore trop ténu. Une agence nationale qui met en relation les différents acteurs de l'apprentissage pourrait constituer un outil opérationnel pertinent.
En mars dernier, j'ai interrogé par écrit Mme la ministre de la fonction publique sur la nécessité de valoriser les doctorats dans le monde du travail. Après avoir travaillé pendant des années pour obtenir son précieux sésame, le doctorant se heurte souvent à un manque de reconnaissance sur le marché du travail où ses compétences ne sont que trop peu valorisées. Selon un article paru dans Les Échos en novembre 2014, les entreprises privées n'accueilleraient que 25 % des docteurs alors qu'elles financent 63 % de l'effort total de recherche. Il existerait donc un problème de communication entre le milieu académique et les entreprises que l'on ne résoudra qu'en renforçant leur collaboration. En effet, pourquoi augmenter le nombre de doctorants, comme vous le proposez, s'ils demeurent mal intégrés ?
Enfin, votre quinzième proposition vise à supprimer la sélection entre la première et la deuxième année de master. J'ai moi-même interpellé la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur ces pratiques illégales qui ont encore cours dans de nombreuses universités malgré l'entrée en vigueur du système « licence-master-doctorat », ou LMD. Que pensez-vous de la proposition de la Fédération des associations générales étudiantes, la FAGE, visant à créer un portail d'admission post-licence sur le modèle du système APB afin que chaque étudiant ait à coup sûr accès à l'un des masters de son choix compatibles avec sa licence ? Pourrait-elle contribuer à mettre fin à la sélection en fin de première année de master ?
Une dernière question : la demande d'une équivalence de diplôme pour chercher un emploi ou poursuivre des études ou une formation dans l'Union européenne est une démarche souvent compliquée, longue voire chère. Et pour cause : aucune disposition européenne n'impose ces équivalences, car les États membres sont seuls responsables du contenu et de la structure de leurs systèmes éducatifs. L'ensemble des États membres étant désormais tenus d'appliquer le système LMD, ne peut-on pas envisager un mécanisme de reconnaissance automatique des diplômes universitaires obtenus dans l'Union européenne ?