Intervention de Jean-Yves le Drian

Réunion du 28 octobre 2015 à 16h15
Commission des affaires étrangères

Jean-Yves le Drian, ministre de la défense :

C'est une autre question, que nous n'avons pas posée à ce jour.

Un débat public s'est tenu en Allemagne sur l'Euro Hawk et il s'est révélé très perturbant, même si ses conséquences ont été maîtrisées. Je ne suis pas certain qu'un débat de fond soit nécessaire, car un missile s'apparente à une arme sans pilote, alors qu'un drone est un système piloté par des militaires chevronnés qui se trouvent à terre.

Madame Fourneyron, environ 300 militaires sont postés à Madama, mais cet effectif peut varier en fonction des opérations. Les conditions sont sommaires, mais elles s'améliorent car nous resterons un certain temps. Nous conservons également une implantation à Tessalit et à Faya Largeau, points avancés permettant d'assurer, dans la durée, la sécurité des autoroutes utilisées pour les trafics. Nous avons noué d'excellentes relations de coopération avec le Niger, y compris à Badaba où des militaires nigériens, dont un officier, sont présents.

Je ne dispose pas d'éléments sur l'expérience de smart base à Evreux et ne sais donc pas si nous étendrons cette initiative à d'autres bases aériennes. Je préfère vous répondre par écrit.

Des difficultés ont existé pour exporter des matériels intégrant des composants allemands, notamment des blindés, mais nous avons toujours pu les surmonter. Dans le cadre de KANT – dont le nom changera –, ces difficultés seront levées, car des clauses de l'accord entre KMW et Nexter permettent de les éviter. La simultanéité de KANT et des projets de drone et de satellite montre que le climat est positif.

En Syrie, la France vise militairement Daech dans l'ensemble de ses composantes, et, lorsque nous frappons à Raqqa, nous ignorons la nationalité des combattants et ne ciblons pas les Français. Toute personne, quel que soit son pays, qui se bat dans les rangs de Daech est un ennemi. Nous frappons cette organisation partout où nous le pouvons.

Messieurs Asensi et Myard, l'ASL existe toujours, et nous avons rencontré ses représentants avant-hier à Paris. Leurs brigades à Lattaquié et à Alep combattent en ce moment même et résistent, mais elles subissent les attaques russes. M. Bachar el-Assad était mis en difficulté, notamment par l'ASL, à Alep au moment de l'engagement russe ; en outre, Daech risquait de pénétrer sur l'axe entre Homs et Damas. Nous pensons que la fragilité du régime de M. Bachar el-Assad, y compris interne, a motivé l'intervention russe.

Monsieur Terrot, nous avons demandé aux pays voisins du Tchad de se parler et de cesser de se méfier les uns des autres. Nous avons également incité le président Buhari à améliorer la structuration de l'armée nigériane pour qu'elle puisse intervenir au Nord, et avons indiqué aux Britanniques et aux Américains que la France n'était pas en situation de tout assumer dans cette zone. Nous n'avons ainsi pas l'intention de déployer des militaires dans la lutte contre Boko Haram, mais nous apportons le renseignement et le soutien logistique et médical – nous avons notamment soigné des combattants tchadiens et nigériens. Les Américains utiliseront des drones de renseignement non armés dans le Nord du Cameroun ; en effet, il faut disposer d'une bonne visibilité pour lutter contre Boko Haram, atout que personne ne dispose, nos propres drones ne pouvant être affectés sur ce terrain. Le traitement, par la cellule de coordination et de liaison (CCL) à laquelle nous participons, des éléments de renseignement recueillis aidera la FMM. Les Américains vont envoyer 300 militaires au Cameroun et les Britanniques contribueront également à l'accompagnement du dispositif.

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