Monsieur le président, messieurs les ministres, madame la présidente de la commission des affaires sociales, monsieur le rapporteur, chers collègues, l'accord national interprofessionnel du 19 octobre 2012 relatif au contrat de génération commence par ces mots : « L'emploi des jeunes et des seniors constitue un enjeu fondamental auquel les partenaires sociaux souhaitent, par le présent accord, apporter une des réponses nécessaires ».
Cette phrase liminaire traduit la marque de fabrique du Gouvernement et de la majorité au sein de notre hémicycle. En effet, nous avons la conviction qu'il nous faut mobiliser toutes les forces vives de la société dans la lutte contre le chômage. Le dialogue social ainsi renoué y contribue en revivifiant la négociation collective.
Je me réjouis que tous les leviers de la lutte contre le chômage soient activés, non pas l'un à la place de l'autre, mais tous en même temps et de façon complémentaire. Ainsi, au travers des emplois d'avenir, dont la création a été votée il y a trois mois, la nation s'est adressée à un nombre significatif de jeunes sans qualification vivant prioritairement dans les zones urbaines sensibles, dans les zones de revitalisation rurale et outre-mer. Pour les personnes très éloignées de l'emploi, les contrats aidés ont été maintenus. Mieux, l'une des préconisations de la conférence sur la lutte contre l'exclusion trace la piste de contrats adaptés à une reprise progressive de l'emploi pour les personnes les plus en difficulté. Le contrat de génération permet quant à lui de lier jeunes et seniors, réinventant un compagnonnage moderne, lequel permet aux jeunes de s'intégrer plus aisément dans l'entreprise et n'est pas un contrat aidé. Enfin, la négociation qui vient de s'achever porte sur la sécurisation des parcours professionnels ; elle concernera l'ensemble des salariés.
La lutte contre le chômage est menée par tous les bouts ; toute la société est mise en mouvement. Cet ensemble, tel qu'il est pensé, évite deux écueils traditionnellement rencontrés les dix dernières années.
Le premier écueil est celui de la dimension catégorielle, qui a pour conséquence que les autres citoyens ont le sentiment que l'on ne s'adresse pas à eux. Nous devons à tout prix éviter que ne s'ancre dans notre pays la conviction que les mesures prises ne concerneraient que certains. C'est ainsi que, il y a un mois, une habitante de ma circonscription, qui m'avait demandé rendez-vous, m'a dit qu'elle avait 40 ans, ce qui faisait qu'elle n'était ni jeune, ni senior. Cela voulait-il dire qu'elle était oubliée ? Très souvent nous sont assenées des questions de ce type : que faites-vous pour les jeunes ? Pour les salariés âgés ? Pour tous les autres ? Aujourd'hui, nous pourrons dire avec conviction que les outils sont là et qu'il nous reste à veiller à leur application.
Le second écueil évité est celui qui consiste à mettre en place des dispositifs « occupationnels », dont ont tant souffert les générations précédentes. Le précédent gouvernement, début 2012, les avait remis au goût du jour pour les jeunes. Nous avons tous en mémoire les célèbres « formations parking » qui ont durablement, dans les quartiers populaires, fait grandir la méfiance vis-à-vis du service public de l'emploi. Cela ne doit plus être. Ce qui se construit peu à peu, au fur et à mesure de nos votes, c'est un dispositif durable, global, de lutte contre le chômage et contre son corollaire, la précarité.
J'en viens maintenant au projet de loi lui-même, qui porte création du contrat de génération. Je ne citerai pas de nouveau les chiffres du chômage, les orateurs précédents ayant décrit la situation de notre pays. Je tiens simplement à souligner trois éléments de ce texte de loi qui illustrent pleinement son caractère pérenne.
Tout d'abord, nous avons précisé les éléments du diagnostic qui sera joint à l'accord. Celui-ci portera sur la gestion prévisionnelle des emplois et compétences. Cette réflexion, à chaque fois qu'elle a été menée à grande échelle dans nos régions, a permis un investissement judicieux dans le champ de la formation et du recrutement. Nous avons demandé qu'une attention importante soit portée à la mixité des emplois. Puis nous avons travaillé pour reprendre les modalités d'intégration et d'accompagnement des jeunes, parce que nous savons combien les six premiers mois sont déterminants pour une intégration réussie dans l'entreprise. Il est apparu important que le texte mette bien en lumière les conditions de transmission des savoirs et des compétences.
Le fait que soit inscrit dans le projet de loi que le jeune embauché bénéficiera d'un CDI à temps plein contribuera à lutter contre la précarité si forte chez les jeunes travailleurs. Enfin, comme pour chaque texte, des garde-fous ont été mis en place pour limiter les effets d'aubaine.
L'essentiel toutefois est qu'en votant ce projet de loi nous affirmions avec force que notre société redonne toute sa place à la valorisation des savoirs et des compétences des salariés plus âgés. L'essentiel est qu'au travers de ce texte, et, devrais-je dire, au travers de l'ensemble des textes que nous adoptons, nous contribuions à lever ce qui pèse telle une malédiction, ce qu'ont vécu tous ceux nés depuis le début des années 1970 : pour être embauché, il faut avoir de l'expérience et pour avoir de l'expérience, il faut avoir eu un premier emploi.
L'essentiel est que nous remettions progressivement en route notre cohésion sociale, en exprimant pleinement le fait que chacun prend part au redressement du pays. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)