Intervention de Michel Liebgott

Séance en hémicycle du 15 janvier 2013 à 21h30
Contrat de génération — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Liebgott :

Monsieur le président, messieurs les ministres, madame la présidente de la commission, monsieur le rapporteur, l'un des orateurs de l'opposition s'est demandé ce qu'on allait faire des 30-50 ans. Je pense que Gouvernement a tout à fait raison de cibler les publics qui sont le plus en difficulté.

Les chiffres ne trompent pas : les plus jeunes n'atteignent pas un emploi stable avant l'âge de 27 ans et ont plus de difficultés à y accéder quand ils ne disposent pas d'une formation de haut niveau. Par ailleurs, le ministre l'a souvent répété, ce sont les chômeurs de longue durée et de très longue durée qui souffrent le plus aujourd'hui. Parmi eux, un certain nombre appartiennent à la catégorie des seniors. C'est dire si les choses, malheureusement, sont simples : en période de crise, il faut se préoccuper des plus défavorisés.

À cet égard, je veux saluer le Gouvernement, qui a défini une politique à la fois cohérente et ciblée. Cohérente, elle agit sur tous les facteurs qui conduisent aux disparitions d'emplois et à la précarité. Au travers du CICE, elle stimule l'emploi, s'adressant à toutes les entreprises, sans exclusive. Nous devons souligner cet effort tous azimuts. Mais il y a également, et c'est important, une politique en direction des plus défavorisés, qu'Hélène Geoffroy vient d'évoquer. Dans le cadre des emplois d'avenir, la priorité a été donnée aux jeunes les plus en difficulté des quartiers défavorisés. Au-delà même de leur intégration économique, la question est aussi celle de la cohésion sociale.

Avec les contrats de génération, nous allons un peu plus loin encore. Il s'agit de faire en sorte que ne soient pas laissés au bord du chemin ceux qui pourraient, à un moment ou à un autre, être exclus définitivement, parce qu'ils sont trop vieux, pour dire les choses clairement, ou parce qu'ils n'ont pas encore mis le pied à l'étrier.

J'en parle en connaissance de cause, puisque je suis issu, avec mes collègues Laurent Kalinowski et Paola Zanetti ici présents – eux viennent du bassin houiller, moi du bassin sidérurgique – de ces régions où l'on avait tendance à faire partir les gens âgés de 50 ans environ dans des dispositifs divers et variés, en préretraite ou en cessation anticipée d'activité.

Il arrivait alors que coexistent dans un même foyer les parents en inactivité et leurs enfants qui, à 20 ou 30 ans, ne trouvaient pas à s'insérer. C'est dire l'ambiance qui pouvait régner dans ces familles. Au-delà, c'est le corps social qui était purement et simplement détruit.

À Gandrange, qui a fait l'actualité, on a ainsi vu des industries entières disparaître parce qu'il n'y avait eu ni gestion prévisionnelle des emplois et des compétences – la GPEC –, ni anticipation des départs en retraite, ni volonté des entreprises de renouveler les compétences. En définitive, on avait échoué à préparer l'avenir. Les dégâts ont été terribles aussi bien pour les individus que pour le tissu industriel.

Nous sommes passés à une autre phase, et l'on ne peut que s'en féliciter. Je veux néanmoins, à ce moment de mon exposé, et même si ce n'est pas véritablement le sujet, vous rappeler, monsieur le ministre, l'importance que nous attachons à ces seniors qui ne seront pas concernés par les contrats de génération et qui se trouvent aujourd'hui sans perspectives : il s'agit des anciens bénéficiaires de l'AER. Nous ne devons pas les abandonner au bord de la route, car ils se trouvent en réelle difficulté. Il nous faut poursuivre la réflexion sur leur situation. Ce n'est pas un petit phénomène : si 800 000 jeunes arrivent chaque année sur le marché de l'emploi, 650 000 seniors en sortent, dans des conditions qui ne sont pas toujours très satisfaisantes.

Pour conclure mon propos, je dirai que le contrat de génération est un exemple assez extraordinaire de cette nouvelle manière de gouverner, la démocratie sociale dont nous attendons tant, et que l'on appelle aussi la social-démocratie. Pratiquée dans un pays voisin, l'Allemagne, sous le nom de Mitbestimmung, elle a donné des résultats. Elle permet, dans des situations de crise, de passer des caps difficiles, grâce au chômage partiel, mais aussi grâce aux contractualisations, comme celle que vous venez de nous proposer avec ce contrat de génération. Nous ne pouvons que nous en féliciter. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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