Monsieur le président, messieurs les ministres, madame la présidente de la commission, monsieur le rapporteur, « Le treizième travail d'Hercule : trouver un travail », ironisait Roland Topor il y a un peu plus de vingt ans dans son livre Pense-bêtes.
Ce n'est pas peu dire. Aujourd'hui encore, trouver un travail est loin d'être une sinécure. Le CDI est devenu le Saint Graal que peu de jeunes arrivent à décrocher avant l'âge de 26 ans. Parallèlement, ceux que l'on appelle les seniors sont trop souvent boudés par l'entreprise, et ce malgré leur expérience.
Beaucoup a été dit depuis cet après-midi. Vous évoquiez, monsieur le ministre, le taux d'emploi de 41 % pour les 55-64 ans. Mais sait-on qu'il est divisé par trois entre 57 et 60 ans ?
Nous assistons de fait à une véritable chasse aux seniors, quand, en parallèle, on se méfie des jeunes.
Au-delà de sa vocation économique, je voudrais insister sur la dimension politique de ce projet de loi. Oui, ce texte est éminemment politique.
Tout d'abord il nous invite à un changement de regard. Nous avons trop souffert ces dernières années d'une politique fondée sur l'exclusion de l'autre : l'étranger, bien sûr, mais aussi le jeune. J'ai encore en tête cette affiche pour le recrutement d'un parti politique, alors dans la majorité, qui montrait une dame âgée, visiblement angoissée face à deux jeunes à casquette : on l'invitait, pour se sentir protégée, à adhérer !
Ce texte est un texte politique, car il est une source de motivation, il donne envie, il redonne de la confiance, de l'espérance aux plus jeunes. C'est un rendez-vous avec ces six millions de jeunes qui arriveront sur le marché du travail d'ici 2020.
La situation actuelle appelle des mesures nouvelles, dont l'ampleur doit être à la hauteur des enjeux. Les emplois d'avenir, destinés principalement au secteur non-marchand, ont été la première étape dans la lutte contre le chômage des jeunes ; la seconde étape est présentée aujourd'hui : le contrat de génération et sa dimension intergénérationnelle.
Je vous invite, mes chers collègues, à porter sur la politique de l'emploi un regard global. Les contrats de génération s'ajoutent aux emplois d'avenir, mais nous ne devons pas négliger non plus l'impact de l'effort massif de l'État sur les charges, à travers le crédit d'impôt compétitivité emploi, qui profitera aussi aux jeunes travailleurs.
Enfin, depuis vendredi, soulignons la décision extrêmement symbolique des partenaires sociaux de mobiliser le produit de la taxe sur les contrats courts vers les recrutements des jeunes de moins de 26 ans en CDI.