Madame Duchêne, vous avez évoqué dans une même phrase Daech et Al-Qaïda. Que pensez-vous de l'analyse, livrée cet été dans Ouest-France par un intellectuel par ailleurs plutôt respectable mais que je trouve pour ma part révoltante, selon laquelle il ne fallait pas confondre ces deux mouvements car Daech cherchait à construire un État, ambition qui, comme en témoignent la Révolution Française et la Terreur, s'accomplit souvent dans la violence, ce qui poussait l'auteur à conclure que, in fine, lorsque cet État serait créé, nous serions obligés de négocier avec lui ?
Pour ce qui concerne la Lybie, non seulement Bernardino León a échoué, mais l'on apprend par la presse qu'il aurait accepté un poste rémunéré près de 50 000 dollars par mois, offert par les Émiratis, avec lesquels il semble qu'il ait déjà été en contact et prêt à suivre leurs instructions à l'époque où il exerçait son mandat pour le compte des Nations unies. Deux choix semblent aujourd'hui s'offrir à son successeur, M. Kobler. En premier lieu, privilégier sur les négociations bilatérales des négociations multilatérales impliquant l'ensemble des acteurs régionaux concernés ; en second lieu, jouer auprès des Syriens de la carotte et du bâton, c'est-à-dire les menacer de sanctions s'il refusent de signer un accord d'autant plus crucial que, comme nous l'a rappelé le ministre, Daech progresse vers le sud et qu'il serait catastrophique qu'il parvienne à effectuer la jonction avec la bande sahélienne.