Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 18 novembre 2015 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

Il est essentiel de ne pas rentrer dans le jeu de Daech qui voudrait diviser la société civile. Une partie infime de la jeunesse née de l'immigration en France est capable de tuer d'autres jeunes de notre pays. On n'en est pas encore au point de voir deux jeunesses se dresser l'une contre l'autre, car nous serions alors en guerre civile.

Monsieur Bonnafont, avant le revirement – que j'ai salué – du président de la République il y a deux jours, la France était sur le point de se trouver totalement marginalisée par la politique initiée par M. Alain Juppé et poursuivie par M. Fabius, qui consistait à éliminer M. el-Assad. La France a ainsi été exclue du format de Vienne il y a trois semaines : la première réunion s'est tenue sans elle, et il a fallu manoeuvrer pour élargir ce format à douze pays et y retrouver une place. Comme MM. Jacques Myard et Jean-Paul Bacquet, et comme l'ensemble des députés de notre Commission, je suis satisfait que notre diplomatie soit revenue dans le monde réel et soit sortie de l'impasse dans laquelle elle s'était enfermée.

Nous assistons à la réouverture des frontières et des nations inventées par la France et le Royaume-Uni il y a cent ans. Il s'avère compliqué de penser un processus de paix pour la Syrie et pour l'Irak alors que le territoire de l'État islamique chevauche ces deux pays ; en outre, cette situation fait ressurgir la question du Kurdistan, non résolue par le traité de Sèvres de 1920. Les personnes qui réfléchissent au Quai d'Orsay doivent étudier un mécanisme de négociation inclusif, qui intègre l'ensemble de ces paramètres. Il faudra bien un jour régler le problème kurde, sauf à accepter que des difficultés persistent constamment avec la Turquie et la future Syrie.

Comme beaucoup, je me suis réjoui de l'inflexion annoncée par le président de la République, mais que pense-t-on du maintien au pouvoir de M. el-Assad ? Jusqu'à quand doit-il rester ? Comment mener une négociation de paix sans les parties prenantes et sans l'État syrien ? En combattant contre Daech, on se bat avec tous les Syriens, y compris les forces gouvernementales, qui luttent contre ce groupe terroriste. Si ce n'est pas le cas et si je n'ai pas compris les propos de M. François Hollande, la situation est grave et mérite des explications. Il faut inclure dans la négociation les représentants du gouvernement syrien, les opposants – dont la liste est curieusement établie par l'Arabie saoudite – et les Iraniens via le Hezbollah. Il ne peut y avoir de règlement politique sans la présence de toutes ces composantes autour de la table. Qu'impliquent exactement les propos du président de la République pour les discussions conduites à Vienne ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion