Intervention de Hélène Duchêne

Réunion du 18 novembre 2015 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Hélène Duchêne, directrice des affaires stratégiques, de sécurité et du désarmement, au ministère des affaires étrangères et du développement international :

Je comprends que les débats puissent être tendus du fait de la gravité de la situation et de l'épreuve que traverse notre pays, mais nous devons faire preuve d'unité et de détermination. Je pense que nous ne devrions pas rentrer dans le jeu de Daech, qui veut nous diviser, et à cet égard, les analyses de Gilles Kepel sont pleines d'enseignements.

Il existe un circuit parallèle d'exportation de biens culturels ; il s'avère nécessaire de publier des catalogues des oeuvres connues afin de les faire sortir de la clandestinité. Les douanes ont renforcé leur contrôle dans ce domaine, et une incrimination pénale de trafic a été créée. Hier, à l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), le président de la République a annoncé que la France introduirait un contrôle douanier à l'importation de biens culturels et instaurerait des refuges en France pour les oeuvres d'art menacées par Daech. Nous faisons tout notre possible pour lutter contre ce trafic, mais le travail des musées et des institutions culturelles reste important. Les maisons de vente, pour leur notoriété, ont intérêt à se tenir éloignées de toute mise aux enchères de biens contestés. Lorsque les pays latino-américains contestent un bien de l'art précolombien, les grands acheteurs ne participent pas à la vente, qui subit ainsi une forte dépréciation.

Daech s'efforce de mettre en place une structure étatique, alors qu'al-Qaïda se voit comme une organisation terroriste moins structurée. Ces deux groupes ont un ennemi commun, l'infidèle, et répondent tous deux à la qualification juridique internationale de terrorisme, l'une ne l'étant pas davantage que l'autre.

Le coton constitue une ressource, mineure par rapport au pétrole, que Daech écoule localement plus que régionalement. Nous ignorons si des vêtements portés en France contiennent du coton provenant des zones contrôlées par Daech.

Nous ne connaissons aucun cas de fraude d'institutions financières françaises ; notre pays dispose d'un système efficace de gel des avoirs, qui repose sur une procédure administrative rapide gérée par le service de traitement du renseignement et de l'action contre les circuits financiers clandestins (Tracfin), et qui assure la surveillance des banques et leur interdit toute impunité dans ce type d'activités. Nos établissements financiers sont donc respectueux des règles.

M. Poutine a certes affirmé que 40 pays finançaient Daech, mais j'ignore d'où il tire ces informations. Les États ne soutiennent pas financièrement Daech, mais il y a sûrement des personnes de 40 nationalités différentes qui financent cette organisation, et l'on recense probablement des Saoudiens et des Français dans ce groupe.

30 000 combattants se battent sous l'étendard de Daech, cette organisation contrôlant un territoire peuplé de 8 millions d'habitants.

Monsieur Myard, je n'ai pas dit que M. el-Assad avait créé Daech, mais qu'il avait contribué à le nourrir en libérant des prisonniers. Avant cela, l'idéologie s'était déjà déployée et les germes de l'essor de Daech avaient été semés.

La Turquie a très tôt été frappée par l'État islamique ; ainsi, au moment de la prise de Mossoul, ce dernier a retenu 60 diplomates turcs

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