Intervention de Marie-Christine Saragosse

Réunion du 2 décembre 2015 à 9h45
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Marie-Christine Saragosse, présidente-directrice générale de France Médias Monde :

L'accessibilité est inscrite à la fois dans l'actuel COM et dans le document futur. Depuis juin dernier, quatre éditions accessibles aux sourds et malentendants sont proposées sur France 24. Nous menons évidemment une politique d'accueil des handicapés, y compris parmi nos stagiaires, et des liens sont noués avec les écoles spécialisées. L'accessibilité à l'antenne dépend une nouvelle fois des arbitrages budgétaires, sachant que deux journaux quotidiens accessibles coûtent 200 000 euros.

J'en viens au projet de chaîne d'information continue. S'agissant de la radio, notre actuel COM prévoyait de poursuivre l'expérience marseillaise et d'assurer la diffusion de MCD par tous moyens, RNT comprise. L'État est désormais en mesure de mettre cela en oeuvre sans coût supplémentaire. Madame Genevard, aujourd'hui, en France, des radios parlent arabe aux populations arabophones : faudrait-il interdire la seule chaîne arabophone publique et laïque qui défende l'égalité entre les hommes et les femmes, la démocratie, la liberté, l'égalité et la fraternité, la seule chaîne arabophone qui ne soit fondée sur aucun prisme religieux ? D'excellentes radios françaises adhérentes au syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes (SIRTI) font un travail remarquable ; MCD, chaîne d'ouverture sur le monde, peut aussi avoir sa place. Quant à RFI, tournée vers l'autre et l'extérieur, elle joue un rôle essentiel en termes éducatifs et pédagogiques. Pour des coûts limités, il est plus urgent que jamais de diffuser ces stations sur tout le territoire.

S'agissant de la télévision, il est étonnant que l'instrument qui permet de défendre la France à l'international soit inconnu des Français. Il est parfois un peu douloureux pour France 24 de savoir que sa notoriété comme son audience sont bien plus grandes en Italie, où elle est diffusée sur la TNT, qu'en France. Comme RFI, qui dispose d'une fréquence FM en Île-de-France, il nous semble que France 24 devrait bénéficier d'un canal dans la région – je rappelle que la chaîne a remporté la mise en concurrence d'Aéroports de Paris. En 2012, lors de l'élaboration du COM, nous pensions qu'il était important de rendre France 24 accessible dans un certain nombre de lieux en France, car nos antennes savent s'adresser à l'autre.

Une première chaîne de service public d'information continue existe déjà bel et bien – par respect pour les équipes de France 24, je vous demande de ne plus dire qu'il n'en existe pas. Certes, France 24 est une chaîne à vocation internationale, et un projet est aujourd'hui sur la table pour créer une deuxième chaîne d'information continue de service public, qui serait, cette fois, à vocation nationale. Je n'ai pas à me prononcer sur les questions d'opportunités que vous avez posées les uns et les autres. Cette proposition a été émise dans le rapport du groupe de travail sur l'avenir de France Télévisions, coordonné par Marc Schwartz, remis en mars dernier, puis elle a été retenue dans le projet de Delphine Ernotte, actuelle présidente de France Télévisions. Nous participons aujourd'hui au comité de pilotage avec France Télévisions, Radio France, et l'Institut national de l'audiovisuel (INA). Nous nous sommes réunis le 16 novembre dernier, et trois ou quatre réunions des équipes en groupes opérationnels ont déjà eu lieu. France 24 a proposé de mettre son signal à disposition lorsque cela sera nécessaire, par exemple de minuit à six heures du matin – cette pratique permet à BBC World de faire de grosses économies –, ainsi que ses breaking news internationales, ses magazines courts, formatés pour les chaînes d'information, et ses produits numériques « délinéarisés », comme les vidéos mobiles ou le graphisme animé.

Toutefois, dans un contexte budgétaire terriblement contraint pour nous, tout ce qui entraînerait des coûts nouveaux pose un problème bien différent : nous devons regarder comment nous pourrions y apporter une réponse astucieuse, par exemple pour financer des duplex spécifiques ou le nouveau montage de nos propres magazines. De la même façon, notre chaîne vient de terminer la refonte de ses studios par redéploiement : si la charte graphique de la nouvelle chaîne était radicalement différente, cela poserait évidemment un problème pour la reprise des programmes. Nous travaillons sur tous ces sujets en bonne intelligence avec nos partenaires, et nous avons encore les mains dans le cambouis.

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