Intervention de Alexis Bachelay

Séance en hémicycle du 9 décembre 2015 à 21h45
Lutte contre le gaspillage alimentaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Bachelay :

Il est rare, dans cet hémicycle, de coproduire une loi, qui réunisse la majorité et l’opposition, le Gouvernement et le Parlement, mais également les élus et la société civile.

Il faut bien avoir conscience que, derrière le travail parlementaire qui se concrétise aujourd’hui dans un texte de loi, ce sont bien des centaines de milliers de citoyens qui seront concernés – je salue Arash Derambarsch qui est l’un des initiateurs d’une pétition ayant recueilli près de 750 000 signatures. Le texte que nous proposons a une résonance qui va bien au-delà du Parlement et du travail remarquable mené par Jean-Pierre Decool, Frédéric Lefebvre, Guillaume Garot et par toutes celles et tous ceux qui ont apporté leur contribution à cet édifice.

Il est important de souligner combien cette méthode a permis de faire sortir ce sujet d’un combat militant, pour le défendre comme une grande cause nationale. Les chiffres ont été donnés et ils sont impressionnants. En France, chaque année, plus de 7 millions de tonnes de déchets sont jetées tout au long de la chaîne alimentaire. Il est le signe d’un système de production et de consommation en déphasage avec les enjeux de préservation de notre planète et des ressources naturelles qui, par essence, sont limitées. Il faut donc changer d’échelle et cette loi permet de franchir un cap.

Chaque jour, des flux considérables d’aliments sont perdus faute de logistique, de transformation, d’information, de mise en lien entre les acteurs ou tout simplement d’engagement. Il est aujourd’hui important d’encourager, de favoriser et de généraliser les bonnes pratiques déjà existantes. Par exemple, dans une logique anti-gaspillage, la grande distribution, qui est souvent pointée du doigt, alors qu’elle n’est qu’un élément de la chaîne, s’est engagée dans nombre de ses magasins à travailler à la gestion des flux ou à refuser la destruction des invendus alimentaires encore consommables – c’est un engagement qui avait été pris dès cet été, lors de la rencontre avec la ministre de l’écologie.

La prise de conscience s’accélère et conduit à rechercher des comportements exemplaires. J’ai ainsi vu, dans l’un des magasins de ma circonscription, à Gennevilliers, que non seulement des dons étaient faits aux associations et que des partenariats locaux avaient été instaurés, mais aussi que les déchets alimentaires issus de la poissonnerie, de la boucherie ou que des légumes invendus et non consommables étaient méthanisés et transformés en gaz qui alimentaient les camions de livraison de cette enseigne.

Cela signifie que, d’ores et déjà, dans la pratique, il existe une certaine exemplarité et une volonté de changement, que nous devons traduire dans la loi en une volonté générale, et non pas comme l’initiative d’un territoire, d’une chaîne de production ou d’un certain nombre de producteurs qui ont pris conscience de la gravité de la situation et de la nécessité de changer.

Au-delà de ces initiatives, qui parfois trouvent un écho médiatique et, ce soir, politique, je crois qu’il faut remettre le citoyen au coeur de ce changement. Il est important que chaque consommateur devienne acteur de sa consommation et qu’on puisse, à chaque étape de la production à la transformation et jusqu’à l’achat en magasin, mettre le consommateur devant sa responsabilité, afin qu’il ait conscience que la lutte contre le gaspillage passe aussi par une certaine forme de responsabilisation dans l’acte d’achat.

Nous avons besoin d’une véritable mobilisation collective pour bâtir cette politique et ce nouveau modèle. Diviser de moitié le gaspillage d’ici à 2025, c’est aussi un objectif du Parlement européen. Il est ambitieux et nécessaire, pour inscrire notre économie dans un développement durable. Pour conclure, je voudrais citer Lao Tseu : « Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas. » Il me semble que, ce soir, nous sommes en mesure de faire un pas, si ce n’est historique, du moins important et que cela nous honore que nous le fassions tous ensemble, au sein de cette assemblée.

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