Monsieur le Premier ministre, l’Europe va mal. Comme l’a dit Jean-Claude Juncker, Schengen est dans un état comateux. Des frontières intérieures sont érigées partout dans l’Union européenne : en Allemagne, avec l’Autriche et la République tchèque ; en Autriche, avec la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie et la Slovénie ; entre la Suède et le Danemark, sur le pont de Malmö ; et bien sûr, en France, avec tous nos voisins. Cette situation va sans doute se prolonger compte tenu des circonstances, mais nous espérons que cela sera provisoire.
Profitons de ce délai ! Pour sauver l’esprit de Schengen et de la libre circulation, acquis européen essentiel, il faut complètement refonder l’espace Schengen ; rien ne sert de le rafistoler.
Cette refondation consiste d’abord à ériger des règles communes en matière d’asile et de politique de retour des migrants illégaux – actuellement 20 % en France et 70 % en Allemagne. N’adhéreront à ce « Schengen II » que les pays qui souscriront à ces règles communes ; ceux qui n’en veulent pas n’en feront pas partie.
En matière de sécurité, l’état d’urgence en France que nous avons voté ne suffit pas. Il y a une urgence européenne, notamment dans le domaine du renseignement, où la coopération est très déficiente.
La France a évidemment un rôle majeur à jouer, que François Hollande n’assume pas. Vous dites que l’opposition et la majorité doivent travailler ensemble, mais cela exige que vous nous écoutiez. Cela fait trois ans que nous vous appelons à refonder Schengen.
Les solutions sont connues, enfin discutées ; mais l’essentiel n’est pas de discuter, l’essentiel est de faire. Les Français, comme tous les Européens, attendent des actes.