À la lecture de cette proposition de loi très intéressante, j'ai pensé au roman de Georges Pérec, Les choses, qui raconte l'histoire d'un couple dans la société hyper-consommatrice des années 1960. Ce couple, qui ne vit qu'au travers des choses qu'il possède, éprouve un sentiment de frustration à la vision de celles qui lui sont inaccessibles. Cette frénésie de consommation va de pair avec une certaine vacuité et une absence de réflexion caractéristique de ce mode de vie qui nous fait réfléchir à nos propres comportements. Y est analysé le culte de l'enfant roi et l'affaiblissement de l'autorité parentale par la publicité à destination des enfants. Si l'on avait encore le moindre doute, on est bien obligé de reconnaître que cette publicité participe d'une forme de violence à leur égard.
Vous qualifiez la sanctuarisation des programmes de la télévision publique destinés aux enfants de moins de douze ans de premier pas vers une réforme plus ambitieuse encore. Quelle est donc la réforme que vous appelez de vos voeux ? S'agit-il d'une interdiction totale de la publicité sur les chaînes publiques de télévision, comme c'est le cas sur la BBC britannique ou sur la RTVE espagnole depuis 2013 ? Peut-on se suffire de votre proposition de loi ?
Enfin, comme le déclarait Sylvie Pierre-Brossolette, membre du CSA, vous le rappeliez, madame la rapporteure, si l'objectif de votre proposition de loi est louable, la question des moyens reste posée. Vous reconnaissez vous-même que le chiffrage de la perte des recettes est incertain, oscillant entre 7 et 20 millions d'euros. Pour éviter de causer un manque à gagner insurmontable pour France Télévisions, ne serait-il pas préférable de réaliser, en premier lieu, une étude d'impact pour évaluer précisément le coût des mesures que vous préconisez ?