Depuis longtemps, notre formation politique soutient la reconnaissance des langues régionales. Les députés du groupe alors dénommé Union pour la démocratie française (UDF) furent favorables à la ratification de la Charte des langues régionales, car nous défendons une Europe des peuples dans laquelle le dialogue, les échanges et la communication ont toute leur importance. Malgré le refus du Sénat de ratifier la Charte, nous restons convaincus de la nécessité de protéger les langues régionales et minoritaires et de favoriser le droit pour chacun de les pratiquer.
Faire prospérer les langues régionales ne menace en rien l'unité républicaine. Au contraire, par le biais de ses langues régionales, la France a la chance de posséder un patrimoine linguistique d'une richesse inégalée en Europe. Aujourd'hui, si les collectivités territoriales volontaires tentent de remédier aux carences de l'État, elles le font dans un contexte juridique précaire qu'il convient de sécuriser.
Le texte que nous examinons ce matin vise à promouvoir et à protéger la pratique des langues régionales dans trois domaines : l'enseignement, la signalétique et les médias. Le rôle de la culture et des médias dans l'apprentissage et la pratique des langues régionales n'est pas négligeable, car l'expression artistique peut donner, en particulier aux jeunes générations, l'envie d'entendre une langue, la motivation pour mieux la comprendre et la fierté de la pratiquer.
Les langues régionales comme les langues étrangères sont une richesse, une ouverture d'esprit, une nouvelle façon de penser et de s'exprimer. Aussi je comprends bien l'importance de développer l'apprentissage des langues dans les écoles et de former de nouvelles générations de locuteurs. Pour autant, j'émets de fortes réserves quant à l'enseignement immersif. L'article 2 de la Constitution dispose que « la langue de la République est le français ». Comment imaginer que jusqu'à la classe de cours préparatoire, voire de cours élémentaire première année, les enfants ne parlent pas à l'école, pilier de la République, la langue de la République ? À ce stade, je ne vois pas comment nous pourrions reconnaître dans une loi l'exclusion du français des salles de classe.
À défaut de développer l'enseignement immersif, cette proposition de loi aurait dû être l'occasion de clarifier la place des langues régionales dans le projet de réforme du collège. En effet, le maintien des heures d'enseignement optionnel et des sections bilingues, qui jusqu'ici permettaient à de nombreux élèves d'apprendre et de pratiquer leur langue régionale, fait encore l'objet d'incertitudes. Quelles mesures le Gouvernement envisage-t-il de prendre pour que les langues régionales bénéficient d'une place à part entière au sein de ce nouveau collège réformé ? Si le ministère se veut rassurant, quelles garanties avons-nous en réalité de l'existence, l'an prochain, dans les établissements scolaires, de l'enseignement pratique interdisciplinaire (EPI) « langues et cultures régionales » ? La grande part d'autonomie laissée aux établissements engendrera nécessairement une mise en concurrence des matières optionnelles. La réforme du collège risque ainsi d'être dangereuse pour la préservation des identités locales qui forment notre culture.
Compte tenu du contenu de cette proposition de loi et des réserves que j'ai émises, le groupe UDI votera contre.