Alors que le groupe de travail commun sur les migrations, dont je suis la co-rapporteure, s'apprête à commencer ses travaux, je vous remercie, monsieur le directeur général, d'avoir levé certaines de mes inquiétudes ; d'autres subsistent cependant. Les arrivées s'accélèrent, dites-vous : la presse, en effet, se fait souvent l'écho des canots, des familles, des naufrages en Méditerranée. Dans un rapport consacré à une convention financière entre la France et l'Albanie, j'ai déjà évoqué cette filière qui, à l'époque, n'était pas encore sous les feux de la rampe ; les itinéraires allant de la Turquie à la Grèce, à l'Albanie puis à l'Italie étaient pourtant déjà connus.
On parle aujourd'hui beaucoup de l'accueil de familles, qu'elles viennent de Syrie ou qu'elles appartiennent à des minorités religieuses persécutées. J'ai pourtant appris ce matin même que 150 personnes se trouvant à Calais seraient prochainement relocalisées dans mon département ; elles sont principalement de nationalité soudanaise et érythréenne, et il ne s'agit guère de familles. En réalité, les financements de l'accueil que vous évoquez se traduisent souvent par la mise à disposition de centres de vacances pour un accueil qui n'est plus si urgent, dans la mesure où les personnes qui se trouvent à Calais y sont souvent depuis plusieurs mois. Je m'inquiète donc de l'essaimage des personnes relocalisées, à raison de 100 à 150 personnes par département, dans des villages qui sont rarement plus peuplés que cela. Que prévoit la France, que prévoit l'Europe ? En effet, le phénomène n'est pas prêt de s'arrêter, et Frontex – vous le savez comme moi – ne suffit pas. Outre le droit d'asile, quels dispositifs permettront d'établir avec précision l'identité des personnes qui sont ainsi disséminées dans tout le pays ? Comment s'assurer, sans faire de science-fiction, qu'ils ne sont pas membres d'une organisation terroriste ? De surcroît, je rappelle que les maires des communes de France sont contraints à des efforts financiers importants – sans toujours recevoir des aides de l'État – pour appliquer les dispositions du plan Vigipirate. En clair, puis-je assurer les mairies concernées dans mon département que le ministère se porte garant de l'identité des personnes relocalisées ?