S'il n'est pas possible d'éviter les départs des boat people depuis les côtes libyennes, est-il possible de les éviter depuis la Turquie, où Mme Merkel s'est rendue récemment ? Certaines vidéos semblent même indiquer que le gouvernement turc met des autocars à disposition pour favoriser le départ des réfugiés vers l'Europe, afin de disposer de moyens de pression supplémentaires sur les plans politique et sécuritaire. Je m'étonne en outre que les Syriens représentent 53 % de l'ensemble des migrants en Méditerranée. D'autre part, qu'en est-il du trafic de passeports ? Il a récemment été possible d'obtenir pour quelques centaines d'euros un faux passeport syrien au nom du premier ministre néerlandais…
Ma troisième question porte sur l'octroi de visas, notamment à Erbil et à Beyrouth. Les demandeurs de visas, qui souhaitent venir en France par la voie légale, appartiennent le plus souvent à des minorités religieuses – chrétiennes ou autres. Or, ces visas sont délivrés au compte-gouttes. Certains demandeurs originaires d'Erbil sont contraints de vivre sous des tentes pendant des mois alors même que des associations – à Toulouse, par exemple – sont prêtes à les accueillir et à les insérer. De même, le consulat français de Beyrouth ne peut instruire les affaires civiles en Syrie même ; les demandeurs d'asile qui proviennent de ce pays doivent donc, pour demander un visa, se rendre à Beyrouth pour y donner leurs empreintes digitales. Permettez-moi de citer le cas particulier de cette famille d'Alep dont le chef a été tué dans un bombardement le jour de Pâques et pour laquelle j'ai obtenu des visas grâce à la compréhension du ministère de l'intérieur : ses membres, dont des octogénaires, ont dû faire l'aller-retour entre Alep et Beyrouth via Damas pour déposer leurs empreintes. Or, ils sont encore bloqués dans leur ville puisque les communications sont désormais interrompues. En clair, il faut selon moi mettre davantage d'humanité dans les procédures de délivrance de visas à Beyrouth.