Intervention de Olivier Audibert Troin

Réunion du 2 décembre 2015 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Audibert Troin :

Merci pour votre exposé, Monsieur le secrétaire général. Nous avons bien compris que vos travaux sont en cours et que vous ne pouvez en dire davantage. Vous nous avez néanmoins fait part d'une vision de nos armées et d'une conception de leur rôle qui me paraissent quelque peu inquiétantes.

Vous avez ainsi évoqué la nécessité d'articuler les différents dispositifs existants ainsi que les différentes composantes de nos forces de sécurité – police, gendarmerie, défense nationale. De votre intervention ressort ce postulat : le choix a déjà été fait de la polyvalence plutôt que de la spécialisation d'une force vouée à opérer sur le territoire national. En d'autres termes, tout en intervenant chacun dans leur cadre d'emploi, les acteurs doivent coopérer. En vertu de cette hypothèse de travail, l'armée est logiquement considérée comme un réservoir permettant de mobiliser immédiatement 10 000 hommes sur le territoire national : c'est le contrat opérationnel actuel.

Mais celui-ci vaut à court terme, alors que nous nous inscrivons désormais dans la durée. Le problème se pose donc de l'engagement et de la place de nos armées dans le dispositif – de leur mission, en somme. Dans ce contexte, je vous le dis très librement, j'ai été choqué que vous distinguiez le recrutement d'un policier, dans le cadre d'un plan de carrière, de celui d'un soldat, pour la durée déterminée d'un contrat. Je ne suis pas convaincu que ce genre de propos facilite la tâche de ceux qui, sur le terrain, s'efforcent tant bien que mal de recruter 11 000 hommes et femmes comme l'actualisation de la LPM l'autorise. Nos soldats attendent qu'on leur confie une véritable mission, qui dessine une carrière, un vrai métier. Vous semblez introduire une hiérarchie entre les forces chargées de la sécurité intérieure : entre les policiers et gendarmes, d'une part, et d'autre part les subalternes que seraient les militaires des armées. Vous êtes d'ailleurs allé dans le même sens en affirmant ensuite que nos armées viennent « en relais » – c'est-à-dire, finalement, qu'elles effectuent des tâches secondaires.

Quelle est donc la plus-value apportée par nos armées sur le territoire national ? Le retour d'expérience de l'assaut de Saint-Denis a révélé un défaut de fluidité dans les relations entre le ministère de l'Intérieur et le ministère de la Défense. Quel rôle voulons-nous donc faire jouer à nos armées sur le territoire national, dans le contexte très particulier que nous connaissons aujourd'hui ?

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