Intervention de Jean-François Lamour

Réunion du 2 décembre 2015 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-François Lamour :

Nous sommes face à un ennemi qui possède une grande marge de manoeuvre dans les territoires qu'il occupe, en Irak, en Syrie, maintenant en Libye, dans la bande sahélo-saharienne, et une capacité de pénétration dont ont témoigné les deux terribles séries d'attentats qui ont frappé la France.

Le choix qui a été fait d'utiliser notre armée est respectable. Elle est, comme vous le dites, un réservoir, mais un réservoir insuffisant : la force opérationnelle terrestre doit repasser de 66 000 à 77 000 hommes et les recrutements ne sont pas encore faits.

Au bout de presque un an de mobilisation, deux problèmes se posent, que vous avez finalement assez peu abordés.

D'abord, l'utilisation de cette force. Cela ne se passe pas trop mal, dites-vous. Je vous incite à cet égard à continuer d'aller sur le terrain pour écouter nos soldats, voire les sous-officiers qui les accompagnent, car on ne peut pas dire qu'ils estiment tous faire ce pour quoi ils se sont engagés. Certes les patrouilles ont succédé aux gardes statiques, mais la priorité pour eux est de pouvoir se projeter, après avoir été formés et préparés. Ils acceptent évidemment de participer aux opérations intérieures puisqu'ils sont payés pour cela et que cette obligation est incluse dans leur engagement. Mais, d'une manière ou d'une autre, la répartition entre opérations intérieures et opérations extérieures doit être revue. Peut-être le renforcement de la FOT le permettra-t-il.

Ensuite, les citoyens voient où sont affectées les patrouilles, les gardes statiques, et se demandent : « Pourquoi pas nous ? » La question, que j'entends souvent à Paris, concerne certains lieux culturels, sportifs ou religieux. Il y a donc un problème d'organisation des patrouilles, ainsi que de visibilité – puisque tel est bien le sens de la présence des forces armées : envoyer un signe clair à la population.

Lorsque nous l'avons auditionné le 15 octobre dernier, le général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées, a souligné, en une formule puissante, qu'il ne fallait pas limiter l'emploi de nos forces armées à un rôle « supplétif » en matière de sécurité. Il a également souhaité que la valeur ajoutée de nos armées – leur expérience, leur savoir-faire – soit mise au service de notre sécurité intérieure. Ce qui nous ramène à la question d'Olivier Audibert Troin, à laquelle vous n'avez pas répondu. À cet égard, où en êtes-vous ? Certes vous n'avez pas achevé votre rapport, mais vous n'en êtes pas loin.

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