Intervention de Yves Fromion

Réunion du 2 décembre 2015 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Fromion :

Il se trouve que j'ai rencontré ce matin des militaires qui participent à l'opération Sentinelle, dont un jeune capitaine venu à Paris avec sa compagnie d'infanterie et qui, entre la projection et trois participations à Sentinelle, aura été absent de son domicile pendant huit mois cette année. Je ne sais pas si beaucoup de policiers ou de gendarmes mobiles accepteraient cela. En outre, ces militaires sont logés – à l'îlot Saint-Germain dans le cas dont je parle – dans des conditions de précarité qui ne sont plus excusables à la date où nous sommes : le lit picot, c'est sympathique, mais on aurait pu faire un peu plus d'efforts !

En ce qui concerne le « rôle supplétif », qu'ont fait les militaires le 13 novembre ? Où étaient-ils ? On sait que la police a mis assez longtemps à intervenir. Les militaires eux-mêmes s'étonnent de ne pas avoir été sollicités, du moins dans un premier temps, alors que de nombreux endroits dans Paris étaient visés. C'est longtemps après qu'on les a vus apparaître, lors de l'opération menée à Saint-Denis, pour faire de la sécurisation. Aujourd'hui, ils se demandent à quoi ils servent vraiment. Quel est leur rôle lors d'un attentat ? Où est la coordination ? Ils ont le sentiment que leurs capacités ne sont pas utilisées au mieux. Ils se disent qu'ils seraient plus utiles s'ils gardaient les frontières, qu'ils y accompliraient mieux leur mission qu'en restant à Paris, le plus souvent statiques.

Je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il ne faut pas utiliser l'armée sur le territoire national ; je pense au contraire que cet emploi est conforme au rôle de l'armée de terre. Mais c'est la manière dont celle-ci est utilisée qu'il faut revoir sans tarder. Dans l'urgence, il a bien fallu projeter un dispositif sur le terrain ; mais, maintenant, il faut se hâter de mener la réflexion à son terme.

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