Intervention de Odile Saugues

Réunion du 16 décembre 2015 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOdile Saugues, présidente :

Monsieur Chabert, je vous remercie d'avoir accepté notre invitation pour évoquer la dramatique situation du Yémen. Cette réunion se déroule à huis clos, nos échanges seront donc aussi libres que possible.

Le 26 mars dernier, l'Arabie saoudite a pris la tête de l'opération « Tempête décisive » au Yémen, à laquelle participe une coalition de pays arabes : les Émirats arabes unis, le Koweït, le Qatar, l'Égypte, le Maroc, la Jordanie, le Soudan et le Pakistan. Cette coalition a bombardé les positions des milices houthistes qui s'étaient emparées de la capitale Sanaa en septembre 2014, avaient renversé le président Hadi et progressaient vers le sud et le port d'Aden.

Or neuf mois après le début de l'opération, la situation est particulièrement alarmante, sur tous les plans. Sur le plan humanitaire, le conflit a fait depuis son déclenchement près de 6 000 morts et 28 000 blessés, principalement des civils. L'ampleur des destructions est considérable, alors que le pays figure déjà parmi les plus pauvres au monde. Vous nous direz comment la France participe à l'assistance humanitaire qui doit être apportée aux 21 millions de personnes qui, selon l'ONU, en ont un besoin urgent.

Au point de vue militaire et politique, le rapport de forces sur le terrain ne semble pas s'être rééquilibré au profit des soutiens du président Hadi. Les Houthis, alliés à l'ancien président Saleh, ont mené une contre-offensive dans le sud du pays en novembre. Aucun camp ne semble en mesure de l'emporter, et comme en Libye, ce sont les groupes terroristes qui en sont les premiers bénéficiaires. Nous serons particulièrement attentifs à ce que vous nous direz d'al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA), qui combat les Houthis et consolide son assise territoriale, tandis que les attentats revendiqués par Daech se multiplient.

Hier ont débuté en Suisse des pourparlers entre les parties au conflit, en vue de définir un plan de sortie de crise et à mettre en oeuvre la résolution 2216 du Conseil de sécurité. Ils s'accompagnent d'un cessez-le-feu de sept jours. Ces pourparlers ont-ils, selon vous, quelque chance d'aboutir là où les précédentes tentatives ont échoué ?

La crise yéménite semble se polariser selon une logique binaire Nord-Sud qui pourrait menacer l'intégrité du pays, mais surtout – et c'est le plus dangereux – selon une logique confessionnelle opposant chiites et sunnites. Aussi serons-nous particulièrement attentifs à ce que vous pourrez nous dire du rôle des puissances régionales, plus particulièrement de l'Arabie saoudite et de l'Iran. La rivalité qui les oppose ne risque-t-elle pas d'accentuer la polarisation confessionnelle du conflit ? Quel crédit accordez-vous à ceux qui accusent les houthistes d'être instrumentalisés par l'Iran ?

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