Il est un aspect du problème que vous n'avez que peu abordé : la guerre par procuration que se livrent les Saoudiens et les Iraniens à l'occasion du conflit yéménite. Pouvez-vous nous éclairer sur le rôle de l'Iran par rapport aux Houthis ? On entend à ce propos des choses contradictoires.
L'intervention militaire saoudienne, avec ses bombardements massifs et brutaux, a créé une situation humaine terrible – vingt millions de personnes n'ont plus rien à manger ni à boire – et un terrain d'atterrissage pour Daech. Or la France n'a pas exprimé de position claire sur le sujet. Les liens entre la France et l'Arabie saoudite se sont considérablement renforcés ces derniers mois, au fil des contrats d'armement. Est-ce la bonne politique à mener ? Cette intervention saoudienne est-elle positive ? Ou au contraire, ne faudrait-il pas éviter ces guerres par procuration entre chiites et sunnites, qui enflamment la région et favorisent le développement du terrorisme qui vient ensuite nous frapper ? Après la Syrie, le Yémen et la Libye sont les cibles des organisations terroristes qui cherchent à créer une situation de guerre civile en Europe. C'est dans ce contexte qu'il faut penser notre politique à l'égard de l'Arabie saoudite et de l'Iran. Or la ligne défendue par notre pays semble loin d'être visionnaire ; les contrats d'armement auxquels se limite notre politique sont utiles à court terme, mais plutôt que de régler le problème, ils risquent au contraire de l'aggraver.