Il me semble contradictoire de prôner un dialogue interne tout en prenant parti de fait pour une coalition externe. Nous approuvons l'intervention de l'Arabie saoudite en faveur de l'autorité légitime, mais il s'agit d'une puissance extérieure qui s'appuie sur une coalition de pays étrangers. Loin de moi l'idée d'absoudre l'une ou l'autre des parties de ses responsabilités dans la décomposition du pays, mais les logiques qu'elles suivent sont différentes. D'un côté – l'attitude réservée de l'Iran le confirme –, il s'agit d'une logique interne, proprement yéménite, où 40 % de la population demandent l'accès aux pouvoirs, aux ressources, aux richesses et aux postes de commandement et de décision du pays, dont ils étaient exclus. De l'autre, il y a une ambiguïté bien plus inquiétante : la coalition de puissances étrangères soutient un président légitime, mais qui ne tient qu'à un fil, et s'appuie sur des tribus capables de changer d'allégeance selon le montant du chèque – vivier potentiel du terrorisme d'al-Qaïda. La situation est complexe et ce n'est sans doute pas à la France d'y trouver la solution. Je suis convaincu de la nécessité, via un processus qui commence à Bern et qu'il faudra prolonger, de trouver les modalités d'un règlement politique interne. Mais je voulais attirer l'attention sur cette contradiction.