Intervention de Jean-Jacques Candelier

Séance en hémicycle du 12 janvier 2016 à 15h00
Débat sur les politiques publiques en faveur de la mixité sociale dans l'éducation nationale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Jacques Candelier :

Madame la ministre, mes chers collègues, les conclusions du rapport présenté par le Comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques font froid dans le dos.

À l’heure où de nombreux acteurs discutent de la nécessité de refonder notre pacte républicain et de créer du vivre ensemble, ce rapport démontre clairement que le système scolaire français n’est pas un outil de promotion de la mixité sociale. À l’inverse, l’éducation nationale est victime d’un véritable apartheid social.

Certains chiffres édifiants témoignent de la ségrégation à l’oeuvre tout au long du cycle de formation. Au collège, déjà, on observe une concentration des élèves favorisés et des élèves très favorisés dans un nombre restreint d’établissements. Cette tendance s’accélère au lycée sous l’effet du tri social opéré par l’orientation en fin de troisième.

La spirale de la ségrégation ne semble pas reculer. Cela met en danger l’idée même de l’école républicaine.

J’aimerais insister sur l’enjeu de la carte scolaire. Le rapport le montre clairement, la recherche de l’entre-soi pousse les familles aisées à éviter certains établissements en contournant la carte scolaire, instituant une sélection par les relations, le capital culturel, l’argent.

La carte scolaire est indispensable pour stopper l’exode des familles les plus aisées vers des établissements prisés. Cependant, nous le savons, la société est déjà parcourue d’inégalités. L’école à deux vitesses se construit donc en parfaite symétrie, dans un pays qui voit les bidonvilles se développer aussi vite que les quartiers d’affaires.

Pour valoriser une école qui joue son rôle de promotion sociale et limiter la reproduction des inégalités, il est urgent d’élargir le débat et de ne pas nous cantonner à une réflexion éducative stricte.

La mixité sociale doit se construire par le biais de politiques publiques ambitieuses – politique éducative mais également politiques du logement, de l’emploi, de l’implantation des services publics.

Ma question est donc la suivante : quelle stratégie de partenariat et de transversalité doivent adopter l’éducation nationale et les pouvoirs publics pour promouvoir la mixité sociale dans les territoires de notre pays ?

Vous avez répondu en grande partie à ma question dans le cadre de votre intervention, mais vous pouvez encore apporter quelques précisions, par exemple s’agissant des moyens financiers.

1 commentaire :

Le 14/01/2016 à 10:28, laïc a dit :

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"Au collège, déjà, on observe une concentration des élèves favorisés et des élèves très favorisés dans un nombre restreint d’établissements. "

Faut arrêter avec cette vision paranoïaque et négative de la société : la grande majorité des collèges français sont à 80 % de réussite au brevet, et à 80 % de réussite au brevet, on n'hésite pas y envoyer ses enfants, surtout s'il y a option grec et latin, ce qui est le cas dans la plupart des collèges.

Donc on ne fait pas comme si ces 80 % de réussite au brevet ne concernaient qu'une minorité de collèges, ce qui n'est pas le cas. Il n'est pas bon de crier au feu quand il n'y a pas de feu, tout ça pour se faire remarquer et tenter de prouver qu'on est le meilleur pompier, alors qu'il n' y a pas d'incendie.

Le problème vient d'une toute petite minorité de collèges, qui pâtissent de la politique d'immigration sauvage pratiquée dans les années 60 et 70, sans scrupule, politique qui ne trouvait rien mieux que d'expédier les travailleurs dans des cités, où ils ont essaimé et se sont concentrés, favorisant par là l'apparition de collèges ghettos à l'image des cités environnantes.

Mais cela n'empêche pas les enfants issus de cette immigration d'étudier, d'ailleurs l'Etat offre plus de moyens financiers et humains pour qu'ils puissent étudier de manière convenable, donc qu'ils étudient , et cessez de rejeter la faute de leur médiocres résultats scolaires sur d'autres personnes qui n'y peuvent rien.

Et puis tous n'échouent pas : l'actuelle ministre aurait-elle pu réussir et intégrer sciences po si les collèges des cités étaient à ce point désastreux ? Son exemple personnel montre que l'ascenseur social fonctionne, et il infirme d'ailleurs son discours qui sous entend que, sans sa réforme des collèges, une fois né dans les cités, on ne peut pas s'en sortir et qu'on est voué à une condition sociale exécrable toute sa vie.

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