Pour ma part, j'aimerais insister sur deux points. En premier lieu, je pense qu'il faut aussi tenir compte du fait que, dans la plupart des pays, ce qu'on appelle les mécanismes pour le genre – tels que le ministère pour les Droits des femmes ou pour la Promotion des genres, quel que soit son nom – sont les parents pauvres du système étatique. Quels relais institutionnels peuvent utiliser les membres de la société civile au Mali, au Tchad ou ailleurs ? Ne devraient-ils pas pouvoir s'appuyer sur le ministère chargé de coordonner tous les travaux effectués dans ce domaine ? Bien souvent ce ministère agit comme un obstacle plutôt que comme un levier et nous sommes obligés de le contourner. La question de la place et du rôle des mécanismes nationaux est à poser.
En second lieu, et je pense que mes collègues francophones me soutiendront, je regrette que la plupart des documents et des communications soient en anglais, en dépit des quelques efforts accomplis, ce qui complique singulièrement le travail de nos associations partenaires dans les pays du sud et en France. Mon but n'est pas de plaider pour la francophonie, mais je tiens à dire que l'utilisation quasi exclusive de l'anglais pose un vrai problème : d'une part, cela limite énormément le choix des personnes qui peuvent participer à certaines de ces réunions où les francophones sont généralement très marginaux ; d'autre part, nombre de publications ne sont pas publiées en français. L'an dernier, nous avons traduit gratuitement un texte que le Groupe majeur femmes n'avait pas les moyens de publier dans notre langue. C'est un véritable enjeu. Et je ne vous parle même pas de ces « usines à gaz » que sont les appels à projet dont toutes les composantes sont rédigées exclusivement en anglais ! Les associations francophones n'essaient même pas d'y répondre. L'accès à l'information et au financement est un grand problème quand la langue ne s'y prête pas.