Monsieur le député, vous évoquez la phase offensive et je voudrais vous dire deux choses. Tout d’abord, l’Europe est la condition d’une politique commerciale efficace, c’est-à-dire une politique commerciale qui nous permette de nous défendre et qui favorise le rebond industriel. Les vraies mesures anti-dumping doivent être prises au niveau européen, et non au niveau français.
La question est de savoir, et cela rejoint la politique industrielle européenne qu’a évoquée M. le député Grellier, si nous avons la réelle volonté de rattraper les standards internationaux ou de mener une politique volontariste.
Je crois que c’est possible, mais ce n’est pas acquis aujourd’hui, vous avez raison de le souligner. Cela suppose pour nous de ne pas en rester à une politique commerciale, mais de structurer la production européenne, en matière de recherche et développement, comme le montre l’exemple emblématique de la Lorraine, en matière d’innovation, en matière de structuration des filières, notamment de la filière aval.
Je découvre encore que certains sites productifs qui utilisent de l’acier l’importent d’autres zones géographiques, alors même que l’on en produit en Europe. On voit bien qu’il y a une sous-optimisation européenne s’agissant de notre capacité à utiliser nos productions. En Lorraine, pour maximiser les conditions de reprise par le groupe Tata, nous avons mobilisé l’ensemble de la filière, et c’est vraisemblablement ce que nous ferons pour une partie des sites productifs de Vallourec en mobilisant les bassins d’utilisation locaux.
Il n’y a pas de fatalité. Structurer la production n’est pas, aujourd’hui, une culture européenne, mais c’est à nous de l’imposer. Je ne dis pas que c’est acquis, mais le retournement européen que nous évoquons passera par là, et de façon très profonde. Car si nous restons dans la langueur à laquelle nous sommes habitués, y compris sur ces sujets, l’Europe continuera à diverger. Or les tiraillements sont forts.
Vous avez raison d’être sceptique, mais je ne voudrais pas que ce scepticisme s’apparente à du défaitisme. L’exemple d’Hayange l’a montré, la structuration est possible dès lors qu’on se mobilise. Mais cette mobilisation doit aujourd’hui s’opérer au niveau européen.
J’ai évoqué longuement le volet commercial. Parmi les initiatives que je compte prendre, en accord avec mes collègues, vis-à-vis de la Commission, je présente un volet offensif portant sur la structuration des filières et des débouchés au niveau européen : ce volet offensif, nous devons le construire.