C’est bien dommage !
Cette réaction illustre malheureusement une crainte envers les langues régionales assez incompréhensible de nos jours.
Aujourd’hui nous pouvons revenir sur ce vote de la commission et j’espère que notre débat va permettre de surmonter des clivages d’un autre temps sur ce sujet. Pour ma part je soutiens, avec mon groupe, le texte de la proposition de loi initialement déposée par le groupe écologiste relative aux langues régionales et à leur promotion.
Il est vrai qu’en vertu de la Constitution, la France est une République indivisible dont la langue est le français, mais ces deux principes n’interdisent absolument pas d’accorder une place de choix aux langues régionales.
Jadis la diffusion du français a été un enjeu d’unité nationale. Aujourd’hui le français est la langue officielle de la République, parlée et partagée par tous les citoyens de notre pays, et – n’ayons aucune inquiétude à ce sujet – elle continuera de l’être. Mais un pays trouve aussi sa force dans l’histoire de ses régions et de ses langues. C’est une richesse dont il serait dommage de se priver.
C’est dans cet esprit que vingt-cinq pays ont ratifié la charte européenne des langues régionales, parmi lesquels l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume-Uni. Malheureusement la France traîne les pieds pour ratifier cette charte, signée en 1999. Nous nous heurtons depuis longtemps à des blocages. C’est paradoxal quand on sait que nous sommes l’un des pays d’Europe qui possèdent une grande diversité de langues régionales.
L’UNESCO, acronyme anglais désignant l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, dont chacun reconnaîtra qu’il s’agit d’une institution très sérieuse, considère depuis longtemps les langues régionales comme une richesse à protéger. La France est d’ailleurs signataire, depuis 2006, d’une convention internationale pour leur sauvegarde, signée par 163 pays à travers le monde. Pourquoi soutenir la diversité linguistique dans les instances internationales et ne pas l’appliquer, en droit, sur le sol national ?
Il faut dorénavant conforter cette reconnaissance. Le bilinguisme n’est pas l’ennemi de la République. Si nous devons, bien sûr, rester vigilants quant à certains débordements, nous devons nous garder de tomber dans des caricatures trop faciles qui réduisent les défenseurs des langues régionales à des sécessionnistes de la République. La réalité est plus simple, plus pragmatique et plus apaisée : tous les spécialistes en conviennent, maîtriser une langue régionale en plus de la langue officielle est un atout qui n’affaiblit ni la citoyenneté ni la pratique du français.
Cette proposition de loi ne remet nullement en cause notre langue commune ni les principes de notre République. Elle n’enlève rien ; elle n’impose rien.
Globalement, elle va dans le bon sens même si notre groupe formule quelques réserves sur ses articles 2 et 3, en ce qu’ils reviennent sur certains équilibres historiques entre l’école publique et l’école privée.
L’article 4 quant à lui prévoit une avancée intéressante sur les traductions apposées sur les panneaux indicateurs, et l’article 5 répond à une juste préoccupation, car il est vrai que la diffusion des langues régionales, limitée principalement à France 3, est largement insuffisante.
Dans ces conditions, notre groupe défendra des amendements visant à rétablir les articles qui figuraient dans la proposition de loi initialement déposée par notre collègue Paul Molac.
Notre pays a la chance de disposer de langues vivantes dans plusieurs de ses régions. C’est une richesse qu’il faut préserver et promouvoir. De très nombreux Français sont attentifs à nos débats ! Monsieur le rapporteur, nous soutenons votre projet.