Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le président de la commission, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, notre formation politique demeure convaincue de la nécessité de protéger les langues régionales et minoritaires et souhaite favoriser le droit pour chacun de les pratiquer.
Depuis de nombreuses années déjà, nous nous sommes investis en faveur de la reconnaissance des langues régionales. Les députés du groupe UDI, comme avant eux ceux de l’UDF, étaient favorables à la ratification de la charte des langues régionales car nous défendons une Europe des peuples dans laquelle le dialogue, les échanges et la communication ont toute leur importance.
Faut-il à nouveau rappeler que faire prospérer les langues régionales ne menace en rien l’unité républicaine et qu’au contraire, par le biais de ses langues régionales, la France a la chance de posséder un patrimoine linguistique d’une richesse inégalée en Europe ?
J’ajoute que défendre la pluralité linguistique permet également d’agir pour le rayonnement du français dans le monde. Le soutien aux langues minoritaires de notre pays accentue en effet notre légitimité à soutenir le français, bien que notre langue soit minoritaire sur la planète.
Enfin, le groupe UDI adhère à l’idée selon laquelle une langue doit être appréhendée comme un bien culturel, une partie intégrante d’un patrimoine régional, national ou européen qu’il faut sauvegarder, et non seulement comme l’instrument d’une identité.
Plusieurs députés du groupe UDI, aux côtés de notre collègue Thierry Benoit, avaient d’ailleurs défendu en 2014 une proposition de loi constitutionnelle tendant à ratifier la charte européenne des langues régionales ou minoritaires et, cela, parallèlement à la proposition de loi de M. Le Roux
Mes chers collègues, la réalité est dure. Bien que reconnues par la Constitution, les langues régionales sont fragiles.
Aujourd’hui, si nombre de collectivités locales tentent de remédier aux carences de l’État et mettent en valeur le patrimoine de leur région et territoire, elles le font dans un contexte juridique précaire.
Le texte que nous examinons aujourd’hui visait initialement à promouvoir et à protéger la pratique des langues régionales dans trois domaines : l’enseignement, la signalétique et les médias.
Commençons par le sujet qui soulève le plus de débats : l’enseignement, notamment en immersion, des langues régionales à l’école.
Au groupe UDI, nous en sommes convaincus, les langues régionales comme les langues étrangères sont une richesse, elles favorisent une ouverture d’esprit et développent une nouvelle façon de penser et de s’exprimer. Aussi est-il essentiel de développer l’apprentissage des langues dans les écoles et de former de nouvelles générations de locuteurs dans les régions.
L’apprentissage des langues régionales est aujourd’hui favorisé jusque dans les études supérieures. Il existe par exemple à l’Université de Nice Sophia-Antipolis des cursus de licence spécialisés en langue d’oc qui permettent in fine de travailler dans le domaine de l’animation culturelle régionale. Ces spécialités existent et il faut les préserver et les encourager.
J’émets de plus fortes réserves quant à la reconnaissance dans la loi de l’enseignement immersif.
La Constitution dispose dans son article 2 que « la langue de la République est le français ». Aussi, comment imaginer que jusqu’à la classe de CP, voire de CE1, les enfants ne parlent pas à l’école, pilier de la République, la langue de la République ?
À ce stade, je ne vois pas comment nous pourrions reconnaître dans une loi l’exclusion du français des salles de classe ! Les travaux en commission ont supprimé les articles qui traitaient précisément de ce sujet. En l’état de la réflexion, cette décision me paraît sage et ne porte pas atteinte à l’apprentissage des langues régionales.
J’estime, en revanche, que la future réforme du collège fait courir un grand risque aux langues régionales. Aussi, à défaut de développer l’enseignement immersif, cette proposition de loi devrait être l’occasion de clarifier la place des langues régionales dans le projet de réforme du collège.
En effet, le maintien des heures d’enseignements optionnels et des sections bilingues qui, jusqu’ici, permettaient à de nombreux élèves d’apprendre et de pratiquer leurs langues régionales est encore incertain.
Nous nous demandons toujours quelles mesures le Gouvernement envisage de prendre pour que les langues régionales bénéficient d’une place à part entière au sein de ce « nouveau collège » réformé.
Si la ministre de l’éducation nationale était là je m’adresserais à elle mais j’interroge donc la ministre de la culture, qui représente le Gouvernement, sur les contours de la réforme : quelles garanties le Gouvernement apporte-t-il quant à l’existence, l’an prochain, d’une discipline « Langues et cultures régionales » dans le cadre des enseignements pratiques interdisciplinaires, les EPI ?