Intervention de Cécile Duflot

Séance en hémicycle du 14 janvier 2016 à 21h30
Enseignement immersif des langues régionales — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCécile Duflot :

Il me semble, après avoir entendu les propos de M. Durand sur la loi pour la refondation de l’école de la République, qu’il y a une confusion entre plusieurs débats.

Il n’est pas bon de politiser les questions d’apprentissage, sur lesquelles les chercheurs travaillent depuis des années et sur lesquelles nous disposons de plusieurs retours d’expérience. Des études très intéressantes ont notamment été faites en Écosse, qui montrent l’intérêt du bilinguisme précoce pour les enfants et la capacité d’apprentissage supplémentaire que cela leur donne. Des expériences ont aussi été menées dans d’autres pays européens. Aux Pays-Bas, par exemple, non seulement on parle une langue peu connue ailleurs, ce qui explique que l’on apprenne très vite d’autres langues européennes, mais en plus, dans la plupart des territoires, on parle en famille et entre amis un dialecte local ; il n’y a pas eu en effet dans ce pays, contrairement à ce qui s’est passé en France, la volonté d’éradiquer – disons le mot – les langues régionales.

Je le répète : il faut se garder, en matière d’apprentissage, de politiser le débat. Avoir puni des générations d’enfants au motif qu’ils parlaient une langue régionale dans la cour de l’école alors que l’on ne voulait tolérer qu’une seule langue fut une erreur, et non une chance. Ce fut une décision politique. Si l’on veut respecter à la fois nos enfants, les langues régionales et la volonté des parents, tout en ayant le projet de faire vivre cette diversité, il convient de faire les choses simplement et de permettre cet apprentissage immersif qui a fait ses preuves partout dans le monde. Pourquoi y aurait-il en France un blocage psychologique sur ce point ?

Madame la ministre, votre argumentation est essentiellement constitutionnelle. Je ne me permettrai pas la facétie tardive de vous dire que s’il faut changer la Constitution, peut-être est-ce plutôt sur ce point, mais je ne crois pas que votre argumentation soit pertinente. La question que nous devons nous poser, c’est celle de l’utilité de la mesure pour notre pays, pour les générations à venir et pour les langues régionales – et c’est pourquoi le groupe écologiste votera en faveur de l’amendement de M. Molac.

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