Intervention de Patrick Bloche

Réunion du 13 janvier 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrick Bloche, président :

Mes chers collègues, je suis heureux d'accueillir aujourd'hui notre collègue Yves Durand, en sa qualité de président du comité de suivi de la loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République.

Comme vous le savez, dans la continuité de la concertation exemplaire qui avait servi de fondement à son élaboration et pour la première fois dans notre histoire parlementaire, cette loi s'est pleinement donné les moyens de contrôler son application en créant un comité chargé d'évaluer les progrès et les lacunes de sa concrétisation.

Placé auprès de la ministre de l'éducation nationale, ce comité, institué par le décret n° 2013-1232 du 23 décembre 2013 et composé de douze membres parmi lesquels quatre de nos collèges – Jean-Noël Carpentier, Yves Durand, Martine Faure et Dominique Nachury – et quatre sénateurs, publie aujourd'hui son premier rapport au Parlement, fruit d'un travail d'auditions, d'enquêtes et de visites sur le terrain d'une exceptionnelle intensité. Le bilan dressé est ainsi particulièrement précis, complet et stimulant.

À côté des vifs motifs de satisfaction et d'optimisme que vous relevez, en particulier pour ce qui concerne la rapidité de la mise en oeuvre des innovations et la cohérence des moyens dévolus, je souhaite évoquer rapidement quelques grandes voies d'amélioration dessinées dans ce rapport, et sur lesquelles nous sommes impatients de vous entendre, cher Yves Durand.

Vous soulignez tout d'abord le paradoxe entre la mobilisation massive, et parfois exagérément polémique, des acteurs sur tel ou tel dispositif pris isolément, ainsi que l'insuffisance globale de « l'appropriation de la cohérence de la loi par les enseignants », en raison notamment de « l'affadissement et (de) la parcellisation de son application ».

À cet égard, vous indiquez notamment que la refonte des programmes, c'est-à-dire précisément ce qui va concerner tous les enseignants et qui va donner pleinement sens aux grandes ambitions de la loi, intervient sans doute trop tardivement, alors qu'elle éclaire tout le projet de la refondation. Dans une même logique, vous regrettez que la priorité au primaire, le socle de la refondation, se soit affaiblie et diluée en l'absence de liens forts entre les divers aspects que prend sa mise en application, qu'il s'agisse du renforcement des moyens et de l'extension du dispositif « Plus de maîtres que de classes », de la révision des programmes, de la mise en oeuvre du cycle commun au primaire et au secondaire, et même de la réforme du collège, qui découle pourtant naturellement de l'esprit de la refondation. Comment, à votre avis, peut-on encore réinsuffler ce sens global dans tous les mécanismes de la réforme ?

Une autre déception du comité concerne l'intégration des parents dans l'éducation – sujet sur lequel Mme Valérie Corre avait rédigé pour notre commission le 9 juillet 2014 un excellent rapport d'information « sur les relations entre l'école et les parents ». Vous soulignez que, malgré un effort réel de l'institution, la mise en oeuvre de la coéducation se révèle inégale, les parents demeurant les « fantômes » de l'institution. Là encore, au-delà de la force du constat, quelles propositions concrètes formulez-vous pour revenir aux forts espoirs de changement qui avaient inspiré la loi ?

Une dernière partie très importante du rapport concerne la réforme de la formation des enseignants, sur laquelle nous nous étions penchés au cours de votre précédente audition le 18 mars 2015 et qui va faire très utilement l'objet d'une prochaine mission d'information de notre commission.

Nous retrouvons dans le rapport les inquiétudes que vous aviez formulées devant nous concernant, en particulier, le positionnement instable et inégal des écoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPE) au sein des universités, les difficultés à faire émerger une réelle culture commune à l'ensemble des acteurs de l'éducation, et l'existence de maquettes de formation, notamment sur le tronc commun, encore trop conservatrices et éloignées des ambitions de la loi. Sur ce sujet, essentiel entre tous, nous écouterons avec un vif intérêt vos propositions.

Avant de vous laisser la parole, cher collègue, je tiens à remercier de leur investissement dans le comité de suivi Mme Béatrice Gille, rectrice de l'académie de Créteil, et M. Alain Bouvier, ancien recteur et président du conseil de l'ESPE de l'académie de Créteil, présents aujourd'hui à vos côtés.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion