Intervention de Martine Faure

Réunion du 13 janvier 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMartine Faure :

Yves Durand vient de nous présenter avec clarté la synthèse du rapport du comité de suivi.

La priorité à l'école primaire et à l'école maternelle est perçue comme l'une des mesures phares de la refondation de l'école. La mise en place des dispositifs au service de l'égalité des chances est en route, mais elle se révèle inégale et diverse à l'intérieur de chaque dispositif. Deux dispositifs majeurs concernent le premier degré, l'accueil des enfants de moins de trois ans en maternelle et le dispositif « Plus de maîtres que de classe ».

La loi pour la refondation redonne des couleurs à l'école maternelle, où se prépare doucement le développement de toutes les possibilités de l'enfant, en le préparant aux apprentissages fondamentaux. C'est à l'école maternelle que l'on peut déceler les premières difficultés des élèves et prendre le temps d'y remédier. La scolarisation précoce est devenue l'un des axes forts de travail avec les maires, dans le cadre d'un travail partenarial et territorial. Le taux de scolarisation des enfants de moins de trois ans est globalement en progression, tout particulièrement en zone d'éducation prioritaire, mais le dispositif se heurte à un problème de ciblage. La préscolarisation emporte l'adhésion des enseignants, l'idée étant d'amener progressivement les élèves à l'école pour infléchir l'effet négatif des données socioculturelles et permettre aux petits enfants d'accéder au statut d'élève. Cependant, les enfants vivant dans des milieux défavorisés ne sont pas toujours scolarisés via ce dispositif : les enseignants constatent que les parents n'en voient pas l'intérêt et préfèrent les regrouper dans d'autres cadres ou les garder à la maison.

Afin de lever les appréhensions, le comité de suivi formule deux propositions. D'abord, il serait souhaitable d'établir un partenariat de confiance avec les parents en leur ouvrant davantage l'école. Ensuite, il conviendrait de travailler en partenariat avec les collectivités sur la formation des personnels municipaux, en faveur notamment de formations communes avec les personnels de l'éducation nationale.

Le dispositif « Plus de maîtres que de classes » doit devenir un moteur de la refondation. Il est perçu comme très positif par les enseignants, les conseillers pédagogiques et les inspecteurs pédagogiques, car il favorise le dialogue à l'intérieur de l'établissement, les regards croisés sur les élèves, l'échange de pratiques et l'accompagnement de l'enfant sur la durée d'un cycle. Les enseignants perçoivent le dispositif renforcé par la loi comme une révolution pédagogique à laquelle ils adhèrent. Malheureusement, ce dispositif ne concerne qu'un petit nombre d'enseignants : à la rentrée 2015, les 2 352 emplois recensés au titre du dispositif ont été essentiellement affectés en éducation prioritaire. Se pose également la question de l'affectation des maîtres en cycle 2, alors que le lieu naturel de la prévention des difficultés est le cycle 1.

De nombreux autres constats exposés dans le rapport amènent le comité de suivi à formuler plusieurs autres suggestions. Je n'en citerai que quatre : créer un lien entre le dispositif « Plus de maîtres que de classes » et les autres dispositifs de la priorité au premier degré ; nommer des maîtres « Plus » parmi les enseignants chevronnés correspondant au projet d'école ; capitaliser l'expérience locale au niveau national ; développer la recherche-accompagnement avec les chercheurs des ESPE.

Ce rapport d'étape nous permet de vérifier que la refondation de l'école est bel et bien en marche, mais que des ajustements sont nécessaires, les dispositifs perfectibles, et que le temps de l'école est un temps long. La responsabilité de chacun et l'engagement de tous, que nous avons constatés tout au long de nos auditions et de nos rencontres, ne peuvent que nous rassurer.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion