Intervention de Jean-Noël Carpentier

Réunion du 13 janvier 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Noël Carpentier :

J'apprécie l'ambiance de travail de ce comité. J'espère que les préconisations de ce rapport seront entendues et qu'il n'ira pas prendre la poussière sur les étagères déjà bien remplies des archives de l'Assemblée nationale.

Notre école ne peut pas, à elle seule, résoudre tous les maux de la société, mais nous le savons, elle ne va pas bien. Trop inégalitaire, elle ne conduit pas assez à la réussite ; trop d'enfants arrivent au collège sans savoir lire et écrire correctement ; trop de jeunes sortent de notre système scolaire sans diplôme. Toutes ces lacunes doivent être corrigées.

D'abord, un constat. La mise en place de la réforme des rythmes scolaires a occulté le débat de fond sur les principaux enjeux de la loi, ce qui est fort dommage. À présent, il faut une évaluation précise et spécifique sur cette réforme.

Ensuite, un regret. Les objectifs de la loi ne sont pas assez connus. Il y a un manque évident de concertation et de dialogue sur le terrain avec les différents acteurs. Pour y remédier, je propose que les directeurs académiques des services de l'éducation nationale (DASEN) organisent des réunions d'information régulières avec le personnel enseignant et avec les parents, au fur et à mesure de la mise en place des mesures de la loi.

Pour autant, je constate que l'idée de la refondation est rassembleuse au sein de la communauté éducative. Beaucoup expriment le souhait d'être associés. Il faut donc encourager toutes les bonnes volontés, celles des enseignants, celles des parents. Nous le savons, l'épanouissement de l'élève dans ses apprentissages dépend en grande partie de la qualité de la relation entre l'école et la famille. La Nation doit se rassembler pour ces jeunes. L'école ne pourra se refonder sans les parents : l'institution doit lever ses réticences à leur implication. Parents et enseignants, chacun avec leurs propres prérogatives, doivent former une véritable équipe éducative dans l'intérêt de l'enfant. À ce propos, le comité de suivi propose la rédaction d'une charte de la coéducation permettant le partage des expériences et des expertises.

Parallèlement, il faut valoriser le rôle des enseignants. Comme j'ai pu le constater, un grand nombre d'entre eux exprime un manque de reconnaissance de leur employeur, mais aussi plus largement de la société. Cela conduit parfois à des crispations ou encore à une certaine forme de démobilisation. Pour ma part, parce que nous leur demandons beaucoup, je suis favorable à des gestes forts de la Nation envers les enseignants, je suis favorable à une revalorisation salariale conséquente et à une meilleure concertation sur toutes les mesures engagées qui impactent directement leur quotidien et leurs conditions de travail.

Les mesures améliorant la formation des enseignants sont également essentielles. La relance de la formation initiale est positive, mais il faut aussi urgemment améliorer la formation continue. D'ailleurs, et les enseignants le savent, le monde évolue et eux-mêmes sont très demandeurs de formation continue. Pour autant, je regrette que les budgets en la matière soient largement insuffisants.

Concernant le numérique, chapitre important de la loi, les attentes sont grandes. Mais sur le terrain, les choses ne vont pas assez vite. Le passage à l'ère du numérique nécessite une action plus forte de l'État pour mieux accompagner les collectivités locales, afin d'éviter les inégalités territoriales.

En conclusion, j'ai le sentiment que les dispositions de la loi répondent en partie aux attentes du terrain. Néanmoins, je constate sur plusieurs sujets des retards dans la mise en oeuvre, et ce malgré la bonne volonté des acteurs. Je pense en particulier à la mise en place des nouveaux programmes. Ce dernier constat me conforte à penser qu'une grande simplification de la structure administrative du ministère de l'éducation nationale est indispensable pour rendre notre école plus réactive face à un monde qui évolue si vite. Les mesures positives adoptées il y a plus de deux ans doivent se traduire concrètement au niveau des établissements, dans le quotidien des enseignants, dans le quotidien des élèves. Il y a urgence.

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