Intervention de Frédéric Reiss

Réunion du 13 janvier 2016 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Reiss :

En tant que membre du CNESCO également, je soutiens la proposition de Valérie Corre.

En découvrant ce premier rapport annuel, rigoureux et sans concession, j'ai envie de m'écrier : tout ça pour ça ! Le diagnostic était nécessaire, mais j'ai l'impression que la loi pour la refondation de l'école pose davantage de questions qu'elle n'apporte de réponses aux maux de l'école.

Une loi sur l'avenir de l'école s'inscrit dans le temps long, une quinzaine d'années. Cela a été le cas pour la loi Jospin de 1989, mais pas pour la loi Fillon de 2005 puisqu'à peine arrivée au pouvoir, la gauche s'est précipitée pour réformer l'école, qu'elle considérait comme son domaine de prédilection. Monsieur le président Durand, vous l'avez souligné, une réforme chasse l'autre : la loi Fillon était encore en train de s'appliquer, et la notion de socle commun, de connaissances et de compétences était une innovation majeure et indispensable dans la société du numérique que le terrain a mis du temps à s'approprier.

La question des rythmes scolaires a largement pollué quelques bonnes intentions de la loi. On se souvient du large consensus autour du rapport Durand-Breton de 2010 sur « les rythmes de vie scolaire ». Malheureusement, la mise en oeuvre a été calamiteuse, comme en témoigne par exemple, page 43 du rapport, les exemples de perplexité des inspecteurs de l'éducation nationale, d'amertume des enseignants, l'absentéisme important, les doutes sur l'intérêt de maintenir le dispositif en maternelle, l'absence de concertation avec les animateurs ou encore les nombreuses difficultés de financement par les collectivités. Le fonds d'amorçage prévu par la loi n'y change pas grand-chose.

J'ajoute que j'ai entendu hier, lors de notre débat sur la mixité sociale à l'école, une députée de la majorité déplorer les inégalités dans l'offre de la réforme des rythmes scolaires, ce que nous répétons depuis très longtemps. Et ce ne sont sûrement pas les neuf demi-journées qui posent problème.

J'aimerais revenir sur deux points.

D'abord, lors du débat sur la loi pour la refondation de l'école, la majorité a martelé que la droite avait supprimé la formation des maîtres, ce qui était totalement faux. En effet, au moment de la masterisation, mécaniquement, de jeunes enseignants se sont retrouvés trop vite en charge de classe, ce que l'on ne peut que regretter. Les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) ont été décriés, mais aujourd'hui, le nouveau modèle de formation peine à trouver son équilibre sur le plan structurel et sur le plan pédagogique. La cassure entre enseignements disciplinaires et professionnels est réelle et le séquençage M1-M2 n'est pas satisfaisant. La majorité a malheureusement été sourde à la préconisation du rapport de la Cour des comptes : gérer les enseignants autrement. Les réponses devaient être qualitatives et non quantitatives.

Ensuite, la priorité au primaire a été un bel argument de campagne présidentielle et, « Plus de maîtres que de classes » un beau slogan pour les enseignants et les parents. Mais là encore, force est de constater que les moyens programmés, je reprends le rapport, demeurent « peu visibles ». Au moment où l'école est elle-même secouée par les abominables attentats commis en 2015, je voudrais, monsieur le président Durand, rappeler le rôle éminent des chefs d'établissement et des directeurs d'école. Il faut faire confiance au terrain. Le comité de suivi a-t-il constaté des évolutions dans la direction des écoles, des collèges et des lycées ?

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