Madame la garde des sceaux, dimanche matin, deux surveillantes de prison ont été victimes d’une tentative d’assassinat sur le parking du centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin, en Seine-et-Marne. Un véhicule les a délibérément renversées, avant de prendre la fuite.
Nous adressons bien évidemment nos pensées aux deux victimes et à leurs familles. L’une de ces surveillantes avait déjà subi une agression, il y a trois ans, dans les murs du centre pénitentiaire.
Si l’on ignore encore la cause du drame de dimanche – représailles d’un détenu ou attaque terroriste ? – ces faits démontrent, une fois encore, combien les personnels pénitentiaires, comme les représentants des forces de l’ordre, sont devenus des cibles privilégiées. Il ne s’agit pas d’un cas isolé, madame la garde des sceaux. Ces dernières années, les agressions sur les personnels pénitentiaires se sont multipliées, et ils sont tous concernés, quelle que soit leur formation.
À la dangerosité du métier, à laquelle le personnel est confronté chaque jour, s’ajoute un sentiment d’exclusion, un manque de reconnaissance. Les personnels pénitentiaires font régulièrement, et depuis longtemps, l’objet d’une vindicte et d’un déficit affectif. Ils sont pourtant des acteurs essentiels d’un lieu nécessaire de sanction et de lutte contre la récidive que la société tend trop souvent à oublier, la prison.
Parce qu’ils sont l’un des rouages indispensables de notre système judiciaire, la justice du XXIe siècle ne saurait se concevoir sans eux. Madame la garde des sceaux, au-delà de la question du renforcement de la sécurité dans les prisons, comment entendez-vous donner à ceux qui oeuvrent au quotidien pour le service public la reconnaissance qu’ils sont en droit d’attendre ?