Intervention de Axelle Lemaire

Séance en hémicycle du 21 janvier 2016 à 21h30
République numérique — Après l'article 42

Axelle Lemaire, secrétaire d’état chargée du numérique :

Vous vous doutez, madame la présidente de la délégation aux droits des femmes, que le Gouvernement partage votre volonté de promouvoir une représentation respectueuse des femmes dans les jeux vidéo, comme dans les médias en général. La problématique que vous soulevez est très réelle, et grave. Je crains cependant que votre amendement ne change rien à l’affaire, et soit au contraire contre-productif : la production française de jeux vidéo pèse peu à l’international, et introduire ce type de distinction en sus des critères déjà existants pour l’attribution du crédit d’impôt aurait une conséquence directe et tout à fait immédiate, à savoir la production de jeux vidéo violents ou dégradants pour l’image de la femme, mais depuis l’étranger. Je pense par exemple à GTA 5, produit par Rockstar Games, ou même à Ubisoft, entreprise française qui édite depuis l’étranger : ils seraient totalement hors de portée de votre amendement.

Bien au contraire, ils pourraient avoir comme effet contre-productif de déresponsabiliser une filière qui poursuit son essor en France, et que nous tentons de responsabiliser. Pour cela, nous utilisons trois leviers.

Premièrement, nous tentons de rendre les carrières dans les médias attractives pour les femmes, afin qu’elles puissent elles-mêmes promouvoir les objectifs que nous poursuivons au sein des structures de production et contribuer à créer des contenus qui correspondent à leurs attentes.

Deuxièmement, nous encourageons la création d’oeuvres qui donnent une image positive de la femme. Sur ce point, nous avons reçu des engagements des professionnels du secteur.

Troisièmement, nous tentons de favoriser la création de communautés sur internet, où les femmes se sentent en sécurité et libres de s’exprimer.

La concertation que nous menons avec les professionnels du secteur donne déjà des résultats. Des sociétés françaises ont récemment produit des jeux à grande visibilité tels que Life is strange ou Beyond two souls, qui ont pour personnages principaux des femmes, fortes, profondément humaines. Une spécificité française semble se dessiner : la production de notre pays se veut plus responsable que celle des partenaires européens ou internationaux.

Je partage donc entièrement l’objectif de cet amendement, et saurai insister auprès du ministère de la culture et de la communication pour que le groupe de travail sur les jeux vidéo qu’il supervise le prenne davantage en considération.

Néanmoins, je vous alerte sur son effet contre-productif. C’est la raison pour laquelle j’en demanderai le retrait.

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