Votre intervention, monsieur Burgat, présente au moins le mérite d'être directe et de permettre le débat. Je suis d'accord avec vous sur un point majeur : on peut regretter, en France, et sans doute dans d'autres pays européens, voire occidentaux, la faute structurelle consistant à vouloir traiter les problèmes de politique étrangère en fonction des problèmes de politique intérieure, en fonction des opinions publiques – c'est là un gros handicap des princes qui nous gouvernent, comme on l'a vu dans l'affaire syrienne.
Il est également exact que nous avons commis une faute en montrant des femmes très évoluées, occidentalisées, comme représentatives d'un courant profond au sein de ces pays. Ce n'est pas vrai. Je me souviendrai longtemps de ce jour, à Alger, où Yvette Roudy, féministe notoire, m'avait appelé à son secours pour la défendre contre des femmes algériennes faisant valoir qu'elles avaient leur propre culture et nous demandant d'arrêter de nous mêler de leurs affaires.
Reste, vous avez raison, une suite de frustrations nées de problèmes non résolus, de partis pris de la France dans un certain nombre de conflits qu'on a laissés pourrir. Mais il ne s'agit plus de pleurer sur la cruche cassée. Or ce qui résulte de votre exposé, c'est que nous avons chez nous un certain nombre de personnes qui ne se reconnaissent plus dans les principes de la République et qui ont adopté, si je puis dire, un autre logiciel identitaire.