Intervention de Sergio Coronado

Séance en hémicycle du 26 janvier 2016 à 15h00
Droit des étrangers — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSergio Coronado :

Quand j’écoutais mon collègue Larrivé, je ne parvenais pas à croire ce que j’entendais. Il nous disait, pour mieux dénoncer l’incapacité de l’État français à faire régner l’ordre, en faisant référence à Calais, que nous devions affronter un chaos. Immédiatement après, il reconnaissait que ce chaos n’était pas né d’hier. De fait, nous le devons aux révolutions arabes, dont nous nous étions félicités, et à la dislocation de l’État syrien. C’est un chaos qui existait quand Nicolas Sarkozy était au ministère de l’intérieur et quand vous étiez, monsieur Larrivé, en responsabilité dans ce ministère de l’identité nationale.

Vous n’avez pas réglé d’un coup de baguette magique cette situation, parce qu’elle n’est pas simple et qu’il ne suffit pas d’invoquer les expulsions, les murs ou les fermetures de frontières. Cette question n’est pas simplement sécuritaire, contrairement à ce que vous prétendez, mais elle touche aux fondements mêmes d’une Europe qui n’a ni politique étrangère commune, ni politique de coopération concertée, d’une Europe qui laisse des États voisins en très grande difficulté prendre en charge plusieurs millions de réfugiés. Plus de 4 millions de réfugiés sont aujourd’hui en Turquie, en Jordanie ou au Liban.

La Turquie reçoit à peu près deux millions de réfugiés.

Ce que vous nous proposez en réalité, c’est de nous laver les mains de la crise humanitaire sans précédent qui se déroule à nos frontières.

Par ailleurs, vous chargez l’Europe de tous les maux. Mais l’Europe n’est pas une instance sortie de nulle part, ce n’est pas un pur concept : dans certains de ces pays ce sont des amis à vous qui gouvernent, et j’imagine qu’en parlant des « européistes béats » vous faisiez référence à cette partenaire des Républicains qu’est Angela Merkel, à la tête de l’Allemagne depuis plus de dix ans.

Je conclurai en disant que, contrairement à ce que dit M. le ministre, M. Larrivé a indiqué quelques pistes. Celles-ci sont claires : expulser toujours davantage, mettre en place des quotas et assumer explicitement une politique de discrimination en bonne et due forme. Ce ne sont pas les mesures que nous prônons ; c’est pourquoi nous ne voterons pas cette motion.

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