Cet amendement vise à clarifier une question de fond s’agissant des choix de la France en matière de politique d’accueil des étudiants étrangers. M. le ministre a affirmé tout à l’heure, revenant sur la fameuse circulaire Guéant, qu’il fallait leur ouvrir les portes, faire en sorte que la France soit compétitive dans la mondialisation, ce qui se conçoit. Inviter des ingénieurs étrangers à se former en France, à venir créer une entreprise en France ou à travailler en France a du sens s’agissant d’un certain nombre de pays ; je pense par exemple à l’Inde, vivier de talents dans le domaine de l’informatique. C’est tout à fait différent, en revanche, pour les étudiants originaires d’Afrique noire ou d’Afrique sahélienne, qui représentent 50 000 à 60 000 étudiants sur les 212 000 étudiants étrangers dont je parlais tout à l’heure.
Dans un livre remarquable, Serge Michailof, qui a beaucoup travaillé à l’Agence française de développement et à la Banque mondiale, montre que le système des bourses scolaires ou des visas étudiants a pour conséquence l’appauvrissement de ces pays, le problème étant que, bien souvent, les étudiants qui en sont issus ne retournent pas dans leur pays d’origine. Il suffit d’ailleurs de s’entretenir avec les chefs d’État ou les ministres de ces pays pour comprendre à quel point il est délicat d’accueillir ces étudiants puis de les conduire ensuite à rejoindre leur pays d’origine. Je faisais allusion tout à l’heure à ma propre expérience d’études aux États-Unis : à l’époque, quand on signait le visa, on s’engageait à retourner dans notre pays d’origine et on ne restait pas aux États-Unis.