Je suis heureux de venir une nouvelle fois devant vous afin de présenter l'enquête réalisée à la demande du Comité d'évaluation et de contrôle des politiques publiques.
Votre comité a souhaité que la Cour lui remette un rapport sur le bilan et les perspectives des politiques de lutte contre la pollution de l'air extérieur menées par la France. Je veux saluer l'implication forte des rapporteurs Martial Saddier et Jean-Louis Roumégas. Les rapporteurs de la Cour ont bénéficié de réunions de travail fructueuses et ont également entendu M. Saddier, au titre de ses fonctions de maire de Bonneville, en Haute-Savoie, et en sa qualité de président du Conseil national de l'air.
Le rapport de la Cour porte principalement sur trois points : d'une part, les objectifs assignés à la lutte contre la pollution de l'air ; d'autre part, le cadre juridique dans lequel elle s'inscrit ; enfin, les moyens budgétaires, fiscaux et humains qui y sont consacrés, et les résultats mesurés sur le territoire métropolitain.
Il contient des développements plus spécifiques sur trois sujets que votre Comité voulait voir examiner : la pollution de l'air d'origine industrielle, la pollution due à la production énergétique ainsi que l'action en faveur du développement du véhicule électrique.
Comme cela a été convenu avec les rapporteurs de votre Comité, ce travail ne traite en revanche pas de la pollution de l'air intérieur, que le CEC a examiné par lui-même. Le sujet des gaz à effet de serre, qui a fait l'objet d'un rapport de la Cour fin 2013 dans le cadre de l'évaluation de la mise en oeuvre du « paquet énergie-climat », n'est abordé ici que de manière incidente.
Pour répondre à la demande de l'Assemblée nationale, l'équipe de la Cour a adopté un « grand angle », de l'échelon européen à l'échelon local. Elle a ainsi comparé les politiques menées aux niveaux national et local par nos principaux partenaires et voisins : les Pays-Bas, notamment à Amsterdam, Rotterdam et La Haye ; l'Allemagne, avec les villes de Düsseldorf, Cologne et Bonn ; la Suisse, à Berne, Zurich et Genève ; l'Italie, à Milan et Turin ; le Royaume-Uni, à Londres. L'annexe 3 du rapport montre ainsi que des solutions efficaces ont d'ores et déjà été mises en oeuvre dans plusieurs secteurs économiques, dans des pays proches de la France.
La Cour a entendu près de deux cents personnes, tant au niveau national qu'au niveau déconcentré et décentralisé. Elle a analysé la mise en oeuvre des plans de protection de l'atmosphère (PPA) au niveau local, notamment en Île-de-France, dans la vallée de l'Arve en Haute-Savoie, dans les Bouches-du-Rhône, en Haute-Normandie et dans la région grenobloise. Elle a examiné la gestion des pics de pollution de mars 2014 et de mars 2015.
La Cour a également souhaité approcher au plus près le coût de cette politique et appréhender au mieux la dimension financière des actions locales, qu'elles soient menées par les collectivités territoriales, les associations ou les entreprises. Elle a, pour ce faire, réalisé une enquête auprès des collectivités territoriales et des associations agréées de surveillance de la qualité de l'air (AASQA).
Pour vous présenter le travail de la Cour, je suis entouré d'Évelyne Ratte, présidente de la septième chambre de la Cour, qui a présidé la formation inter-chambres chargée d'examinée le rapport ; d'Henri Paul, président de chambre et rapporteur général du Comité du rapport public et des programmes ; de Christian Descheemaeker, président de chambre, contre-rapporteur ; de Marie-Ange Mattei, conseillère maître, Julien Marchal, auditeur, et Virginie Duhamel, rapporteure extérieure, qui ont travaillé sur cette enquête.
Le rapport de la Cour dresse deux constats principaux. Premièrement, la politique publique de lutte contre la pollution atmosphérique a permis une réelle amélioration de la situation pour certains polluants, même si des « points noirs » persistent localement, ce qui est problématique. Deuxièmement, la politique de lutte contre la pollution de l'air pâtit de nombreuses limites : incohérences avec d'autres politiques publiques, complexité de la gouvernance, gestion imparfaite des crises, inégale contribution des secteurs émetteurs à la baisse des émissions.
J'en viens au premier message de la Cour. La politique publique de lutte contre la pollution atmosphérique est une politique ancienne, qui a mis du temps à se structurer en France. Si elle a permis une réelle amélioration de la situation pour certains polluants, des « points noirs » persistent localement, contre lesquels il convient d'agir.
Les pics de pollution récents, l'affaire « Volkswagen » et les soupçons qui pèsent entre autres sur Renault montrent la grande actualité du sujet, ainsi que la forte sensibilité de l'opinion publique à cette question. Cela ne doit pas faire oublier que la politique de lutte contre la pollution de l'air est déjà ancienne, cette pollution faisant l'objet de l'attention des pouvoirs publics depuis les années soixante, c'est-à-dire bien avant que la question du changement climatique ne soit mise au premier plan, au cours des années quatre-vingt-dix.
L'action des pouvoirs publics en France a néanmoins tardé à se structurer. La plupart des mesures mises en oeuvre depuis une vingtaine d'années l'ont été sous la pression de l'Union européenne. Cette faible appropriation est paradoxale, puisque les exemples internationaux montrent que respirer un air sain, droit inscrit dans le code de l'environnement français, est un objectif atteignable. Les actions menées en France montrent que l'action publique en la matière peut être efficace – je pense notamment aux émissions du secteur industriel et de la production d'énergie, qui ont fortement baissé au cours des vingt dernières années.
Le rapport comporte un bilan synthétique de la qualité de l'air en France métropolitaine, analysée par rapport au respect des normes fixées par la loi. Sur le fondement de ce bilan, la Cour constate une réelle amélioration de la situation depuis vingt ans pour certains polluants. Les émissions de polluants, c'est-à-dire leurs rejets dans l'air, diminuent globalement depuis 1990. Cette amélioration concerne davantage le secteur de l'industrie, avec de très fortes baisses des rejets, que celui de l'agriculture, où la tendance est à la stagnation des émissions ; la baisse des émissions des transports ou du secteur résidentiel-tertiaire est intermédiaire, mais ralentit depuis quelques années.
Toutefois, des points noirs locaux persistent, où les concentrations, c'est-à-dire la teneur dans l'air des polluants, restent élevées. Les zones où l'amélioration se poursuit sont à distinguer de celles où les teneurs restent supérieures aux normes en vigueur. Les enjeux sont en effet très spatialisés, et la relation entre émissions et concentrations dépend de nombreux facteurs locaux, comme la topographie, le climat, la densité de l'habitat ou du trafic.
Les études mettent ainsi en évidence quatre types de « points noirs » persistant sur le territoire métropolitain : certaines zones très urbanisées ou densément peuplées ; les zones se trouvant à proximité d'axes de transport denses ; certaines zones industrielles dites « multi-émettrices » ; enfin, des zones aux conditions géographiques et topographiques particulières, comme les vallées.
Au sein de ces « points noirs », les concentrations de polluants dépassent les seuils réglementaires fixés au niveau européen de manière récurrente. Depuis 2010, vingt-cinq zones connaissent des dépassements pour le dioxyde d'azote, et dix-neuf sont aujourd'hui concernées par une mise en demeure de la Commission européenne. Depuis 2005, une quinzaine de zones ne respectent pas les valeurs limites pour les particules fines ; dix font également l'objet d'une procédure contentieuse au niveau européen.
Au regard de l'impact sanitaire, mais également économique, de l'exposition à la pollution atmosphérique, la persistance de ces « points noirs » n'est pas satisfaisante. Les travaux menés depuis une vingtaine d'années ont permis d'établir de manière certaine la nocivité de la pollution de l'air et les coûts élevés qu'elle entraîne pour la collectivité. Les experts s'accordent sur le fait qu'il n'y a pas de seuil en dessous duquel la santé serait épargnée. En somme, c'est bien l'exposition quotidienne et prolongée à la pollution, davantage que celle qui découlerait de pics ponctuels, qui est à l'origine du développement de maladies cardio-vasculaires ou respiratoires.
Les dépenses correspondant à la prise en charge par le système de soins des pathologies liées à cette pollution sont élevées : 1 milliard d'euros au moins. Cette pollution serait à l'origine de dix-sept à quarante-deux mille décès prématurés par an en France et représenterait un coût socio-économique de 20 à 30 milliards d'euros. Ce coût est un montant minimum, puisqu'il ne concerne que l'impact des particules fines et de l'ozone.
Cette situation fait par ailleurs peser un risque contentieux sur la France, lié au non-respect des valeurs limites fixées par la réglementation européenne. Les procédures engagées par la Commission européenne ces dernières années ont d'ailleurs prospéré au cours de l'année 2015. Pour le seul contentieux « particules », qui concerne dix zones, le montant de l'amende infligée à la France en cas de condamnation par la Cour de justice de l'Union européenne pourrait s'élever à 100 millions d'euros la première année, puis à 90 millions d'euros par an. Deux autres procédures sont actuellement ouvertes, qui concernent respectivement le dépassement de concentrations maximales pour le dioxyde d'azote dans dix-neuf zones et le dépassement du plafond d'émission d'oxydes d'azote (NOx).
Au-delà de ce constat factuel qui, sans être ni catastrophique ni alarmiste, n'est certainement pas satisfaisant, la Cour dresse, dans son rapport, un second constat : la politique de lutte contre la pollution de l'air pâtit de nombreuses limites, qu'il s'agisse d'incohérences avec d'autres politiques publiques, de la complexité de la gouvernance, de la gestion imparfaite des crises ou de l'inégale contribution des secteurs émetteurs à la baisse des émissions.
La Cour a relevé des incohérences entre l'objectif de lutte contre la pollution de l'air et les objectifs d'autres politiques publiques nationales. La confusion est notamment trop souvent entretenue avec la politique de lutte contre le changement climatique. Ces deux politiques reposent parfois sur des instruments communs mais ne sont pas toujours compatibles ou pas toujours correctement articulés. Ainsi, les gaz à effet de serre – dont le CO2 – ne constituent qu'une partie des polluants nocifs de l'atmosphère, et les mesures prises pour leur réduction, naturellement souhaitables, produisent parfois un effet négatif sur la qualité de l'air. Le rapport met par exemple en évidence les effets ambivalents du chauffage au bois : instrument efficace dans la lutte contre les émissions de CO2, il contribue localement de manière importante à la surémission de particules fines.
En ce qui concerne les transports automobiles, la Cour examine aussi le soutien au diesel par rapport à l'essence. Dans un objectif de réduction des émissions de CO2, un taux réduit de taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) devait contribuer à la promotion du gazole. Cette vocation initiale apparaît aujourd'hui en contradiction avec l'objectif d'amélioration de la qualité de l'air : la combustion de ce carburant s'accompagne en effet d'importantes émissions de dioxyde d'azote et de particules fines, polluants aujourd'hui jugés nocifs.
La Cour recommande donc de veiller à la cohérence des politiques énergétique et de lutte contre la pollution de l'air. Cette adéquation passe par la poursuite du mouvement de rééquilibrage entre la fiscalité de l'essence et celle du gazole. La taxation du gazole et de l'essence pourrait dépendre de l'impact de leurs émissions respectives – polluants atmosphériques et gaz à effet de serre.
Le cas du véhicule électrique soulève les mêmes observations. Sur le lieu de son utilisation, l'impact est positif sur la qualité de l'air. Toutefois, des interrogations demeurent sur ses performances globales, sa fabrication – notamment celle de la batterie – ou la production d'énergie avec laquelle il fonctionne, devant également être prises en compte.
La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, promulguée en août 2015, prévoit une plus grande cohérence des politiques énergétiques et de lutte contre la pollution de l'air. Ainsi, l'objectif de réduction de l'exposition des citoyens à la pollution de l'air est intégré dans les objectifs de la politique énergétique. Ces dispositions de principe restent toutefois à traduire dans les faits.
Le rapport s'attache ensuite à l'examen de la gouvernance de la politique de lutte contre la pollution de l'air, qui présente encore des lacunes. Le vote, en 1996, de la loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie – dite loi « LAURE » – n'a en effet pas empêché des difficultés persistantes. Ces difficultés concernent notamment le pilotage des outils, la répartition des compétences entre responsables publics et, enfin, la gestion des pics de pollution.
Au niveau national, la Cour a constaté une dispersion des responsabilités, malgré le rôle de « chef de file » de la direction générale de l'énergie et du climat du ministère de l'écologie. Le nombre important de départements ministériels concernés par la question de la qualité de l'air – écologie mais également santé, industrie, agriculture ou logement – n'est pas un obstacle en soi, mais, en l'état, l'absence de cadre d'action clair et défini de manière interministérielle nuit à l'atteinte des objectifs.
Par ailleurs, la politique publique de lutte contre la pollution de l'air devrait davantage s'inscrire dans le long terme. Or plusieurs plans successifs – la Cour évoque en particulier le « plan particules » et le « plan d'urgence pour la qualité de l'air » – ont été rapidement adoptés, selon un calendrier qui est apparu heurté. Une telle démarche a été dommageable à l'efficacité de cette politique. En effet, l'élaboration de ces plans a surtout été motivée par la nécessité de répondre rapidement à une situation de crise. Leur efficacité n'a pas été évaluée ex post, ce que la Cour recommande de faire à l'avenir.
Au plan budgétaire, les dépenses relatives aux politiques de lutte contre la pollution de l'air sont difficiles à retracer. Cela s'explique par la diversité des instruments financiers disponibles – fiscalité, crédits budgétaires, moyens des opérateurs –, mais aussi par la difficulté à identifier, au sein des crédits budgétaires, ceux consacrés à ces politiques. Les crédits affectés à la surveillance mais aussi à la recherche en matière de qualité de l'air pourraient être recensés de manière plus systématique. L'information du Parlement pourrait être améliorée, en complétant le jaune « Protection de la nature et de l'environnement » avec des indicateurs de la qualité de l'air.
L'articulation et la répartition des compétences entre le niveau national et les responsables locaux sont également perfectibles. Les plans de protection de l'atmosphère sont partout reconnus comme des instruments utiles, et les responsables locaux se les sont généralement bien appropriés. Ces plans ont parfois permis la mise en place d'actions innovantes, comme le fonds « Air Bois » dans la vallée de l'Arve.
Néanmoins, le principe de subsidiarité est encore trop souvent remis en cause, les préfets ou collectivités territoriales ne disposant pas toujours des marges de manoeuvre qui leur sont nécessaires. De même, les autorités préfectorales sont chargées de la mise en oeuvre des mesures réglementaires prévues dans les PPA, or elles ne maîtrisent pas toujours leur application en raison d'interventions des autorités nationales. La difficile articulation entre échelons national et local s'est par exemple manifestée au sujet de l'interdiction des feux de cheminée « ouverts » en Île-de-France et des interdictions ou limitations ciblées de la circulation. L'évolution rapide des dispositifs réglementaires ou financiers au niveau national complique aussi leur prise en considération dans les PPA.
La Cour formule plusieurs recommandations qui devraient permettre de remédier à ces difficultés d'articulation entre niveaux national et local. Ainsi, les calendriers des plans nationaux et des plans locaux de lutte contre la pollution de l'air pourraient gagner en cohérence, afin que le cadre de l'action locale soit mieux défini et plus prévisible.
La gestion des situations de crise, également qualifiées de « pics de pollution », ne paraît pas toujours appropriée. Ces pics focalisent souvent l'attention des pouvoirs publics et de l'opinion, ce qui peut paraître paradoxal pour plusieurs raisons. D'une part, les experts n'ont pas relevé d'effets sanitaires particulièrement aggravés lors de ces pics : la nocivité de la pollution atmosphérique semble plutôt provenir d'une exposition prolongée à un air pollué. D'autre part, les mesures pouvant être mises en oeuvre lors de ces pics apparaissent inadaptées. Elles touchent surtout les secteurs sur lesquels il est le plus facile d'agir, en particulier l'industrie, tandis que d'autres émetteurs importants de polluants en sont majoritairement exclus, comme l'agriculture.
La circulation alternée est emblématique des problématiques rencontrées : cette mesure sensible est particulièrement lourde à mettre en oeuvre ; or son impact sur la pollution s'avère faible. Des restrictions ciblées, limitant la circulation aux véhicules les plus polluants, pourraient opportunément remplacer les restrictions de circulation « à l'aveugle », c'est-à-dire selon la plaque d'immatriculation. L'identification des véhicules a été repoussée à plusieurs reprises, alors qu'elle permettrait de réguler la circulation ponctuellement, en cas de pics, ou de manière pérenne, dans les centres-villes très pollués. La mise en oeuvre rapide de cette mesure contenue dans la loi relative à la transition énergétique nous apparaît donc souhaitable.
Avant de conclure, je veux revenir sur le caractère encore très inégal de la contribution des secteurs émetteurs à la baisse de la pollution de l'air.
Les mesures mises en place depuis plusieurs années dans le secteur de l'industrie ont été efficaces. Elles sont pour la plupart réglementaires. Elles ont contribué à une baisse très importante des rejets, qui ne peut être exclusivement imputée au phénomène de désindustrialisation. Des progrès sont également sensibles dans le secteur des transports, du fait principalement de l'évolution des techniques ou des limitations de vitesse à proximité des zones les plus polluées.
Toutefois, des mesures qui auraient eu des effets importants sur la pollution ont été suspendues. Ce choix a été préjudiciable à l'amélioration de la qualité de l'air. Le rapport cite notamment la suspension de l'écotaxe poids lourds ou de l'identification des véhicules les plus polluants, indispensable à la création de zones de restrictions de circulation. Je ne reviendrai pas sur la problématique du différentiel de taxation entre l'essence et le gazole, que j'ai déjà évoquée.
Le secteur résidentiel-tertiaire et le secteur agricole restent, en revanche, peu concernés par les mesures de réduction des émissions. Ils représentent pourtant une part croissante des rejets de certaines substances polluantes. La Cour recommande à ce titre deux choses : d'une part, la mise en oeuvre de mesures qui permettront au secteur agricole de contribuer à l'atteinte des objectifs de réduction des émissions ; d'autre part, la surveillance obligatoire de la présence dans l'air des pesticides les plus nocifs.
Plus largement, la Cour regrette l'application insuffisante du principe pollueur-payeur en matière de pollution de l'air. À ce jour, celui-ci s'applique pleinement à l'industrie à travers la taxe générale sur les activités polluante (TGAP) « air », mais uniquement de manière partielle au secteur des transports. L'industrie est, à travers la TGAP-air, la seule qui finance la surveillance de la qualité de l'air.
En conclusion, ce que le travail de la Cour montre, à partir d'une analyse des politiques menées depuis vingt ans, c'est qu'il est possible d'agir contre la pollution de l'air. La France dispose d'un outil efficace de surveillance de la qualité de l'air. Les émissions de nombreux polluants ont diminué du fait de l'application de normes et de techniques de production plus respectueuses de l'environnement. Les exemples étudiés dans d'autres pays développés montrent également que l'action publique peut influer positivement sur la qualité de l'air, et donc sur l'état de santé des habitants.
La Cour nuance cependant ce bilan positif à deux égards. D'une part, une partie des coûts économiques liés à la pollution peut être diminuée, à condition de donner aux autorités locales la responsabilité de mettre en oeuvre les mesures les mieux adaptées, dans un cadre stable fixé au niveau national. D'autre part, les résultats de la politique de lutte contre la pollution de l'air extérieur sont longs à obtenir. L'échéance de la future directive européenne sur la réduction des plafonds nationaux d'émissions de polluants étant fixée à 2030, il appartient donc dès aujourd'hui aux représentants du suffrage universel, quelques mois après le vote de la loi relative à la transition énergétique, de définir et d'engager les actions concrètes de long terme permettant de respecter les objectifs définis.