Intervention de Olivier Falorni

Séance en hémicycle du 27 janvier 2016 à 15h00
Nouveaux droits des personnes en fin de vie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Falorni :

On a trop caricaturé, dans ce débat, l’aide active à mourir, en utilisant de manière dévoyée le terme d’ « euthanasie ». La Suisse, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Belgique ou encore le Canada, pour ne citer que ces exemples, sont-ils des pays où l’être humain n’est pas respecté ? Pour notre part, nous ne le pensons pas. Si les progrès de la médecine et des traitements ont contribué à allonger l’espérance de vie, cela s’est parfois fait au détriment de la qualité de vie et de la dignité. Or, qui est le plus à même d’apprécier cette dignité que l’individu lui-même ? Pourquoi la liberté, valeur fondamentale qui oriente la vie de chacun, est-elle si difficile à admettre lorsqu’il s’agit de la fin de la vie ? Il convient de respecter le libre arbitre de l’individu, entendu comme ce qui permet aux êtres humains de mener et d’accomplir un projet de vie selon leurs convictions et dans les limites imposées par le respect des droits et libertés des autres.

Pour le groupe des radicaux de gauche, cette proposition de loi constitue donc un terrible rendez-vous manqué, et certaines des propositions contenues dans ce texte ne nous semblent pas à la hauteur de l’enjeu. Alors que, sur ce sujet, nos concitoyens ont besoin de clarté et de transparence, ce texte reste ambigu, dans la mesure où il émet des propositions a minima et ne règle pas la question de l’euthanasie ou du suicide médicalement assisté.

Pour les radicaux de gauche, le terme « sédation profonde et continue » ne va pas assez loin car, dans l’hypothèse où on laisse la personne s’endormir et mourir, il peut s’écouler un certain temps, compte tenu des dispositions du texte. D’après le professeur Sicard, cela pourrait prendre – je cite – « entre deux et huit jours », ce qui ne correspond pas à la volonté manifestée, et réitérée, par de nombreux Français de pouvoir choisir, en cas de mort inéluctable et de souffrances trop grandes, le moment et le lieu de leur mort. Il faut par ailleurs rappeler que la sédation en phase terminale s’accompagne de l’arrêt des traitements et des soins, tels que l’alimentation et l’hydratation artificielles, ce qui induit souvent des effets très pénibles : faim, soif, phlébites, escarres, infections...

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