Intervention de Chantal Guittet

Réunion du 20 janvier 2016 à 8h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChantal Guittet :

Je partage les analyses développées par Jean Grosset et Gilles Savary sur les sociétés d'intérim qui sont une vraie catastrophe, d'autant qu'elles sont incontrôlables. J'ai fait une campagne de terrain avec la CFDT et le syndicat bulgare Podkrepa. Nous avons tâché de repérer, pour les rencontrer, les salariés roumains qui travaillent dans les exploitations agricoles en Bretagne. Ils ne rapportent rien à leur pays puisqu'ils repartent de France sans un sou et même avec des dettes – ils doivent en effet payer leur logement, leur nourriture…

Il faut renforcer le poids des syndicats car leurs représentants sont à même d'établir un autre contact, un autre rapport avec ces populations et ils peuvent ester en justice contre les employeurs. Deux points m'ont étonnée au cours de cette campagne. Nous avions demandé à un inspecteur du travail de nous accompagner pour constater, notamment, les problèmes de logement. Or c'est très difficile car il faut que les travailleurs soient d'accord pour leur faire visiter leur logement qui, souvent, est fourni par l'employeur, lequel fait pression au point que l'employé est mort de peur. Ainsi nous a-t-il été nécessaire de négocier très longtemps pour en voir. Second point, les travailleurs en question ont une peur bleue du gendarme français qui viendrait les expulser. J'ai eu beau leur rappeler qu'ils étaient ressortissants européens et qu'à ce titre ils bénéficiaient du principe de libre circulation des travailleurs, les employeurs leur disent que s'ils font des vagues ils demanderont à police de les expulser – et les salariés les croient dur comme fer. Je leur ai même donné ma carte afin qu'ils me téléphonent au cas où la police viendrait. Il y aurait donc une action à mener pour renforcer l'information des travailleurs sur le fait que grâce au principe de libre circulation, ils ne craignent rien.

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