Nous avons déjà eu l’occasion de défendre le présent amendement, lors de l’examen du projet de loi sur la biodiversité.
La pêche en eaux profondes par chalutage de fonds est encore pratiquée, alors qu’elle vise des espèces qui sont toutes menacées. Avec cette technique, on capture jusqu’à 80 % d’espèces et d’organismes qui n’étaient pas visés par cette pêche, et que l’on rejette généralement à l’eau, aussitôt pêchés, mais morts, parce qu’ils ne sont pas rentables, ou parce que le bateau de pêche a déjà pris tout son quota.
Ces techniques destructrices n’ont plus leur place dans notre politique de pêche, d’autant qu’elles n’ont pas permis de résoudre la crise de la pêche, qui dure depuis des décennies. Le nombre de pêcheurs a très fortement diminué et la viabilité économique du secteur est menacée. Les États européens, avec l’argent des contribuables, ont subventionné la construction d’une flotte industrielle surdimensionnée, au détriment de la pêche artisanale, qui représente pourtant le plus grand gisement d’emplois et la meilleure garantie de la mise en oeuvre d’une pêche durable.
Le chalutage en eaux profondes est le symbole d’une politique de la pêche qui marche sur la tête. La flotte de pêche artisanale représente environ 80 % des bateaux en Europe, mais doit se contenter, au grand maximum, de 20 % des quotas. Si les chiffres varient selon les pays, ces pêcheurs représentent néanmoins la majorité des emplois du secteur en Europe. En France, les pêcheurs artisans représentent 80 % de la flotte et 50 % des emplois du secteur.
La pêche artisanale crée de l’emploi local, produit du poisson de qualité et préserve la ressource et les océans. C’est elle qu’il nous faut aujourd’hui massivement soutenir et nous aurions aimé que le texte dont nous débattons opère à cet égard un vrai tournant au lieu de se contenter de quelques mesures, certes bienvenues, sur les sociétés de pêche artisanale.