Les positions sont fort variées aux États-Unis. Les Américains s'inscrivent dans une démarche de retrait, et je ne vois pas quel président parviendrait à justifier le retour officiel et massif de l'armée sur un champ de bataille moyen-oriental. Cependant, Ramadi n'aurait pas pu être reprise sans l'intervention décisive de conseillers et même de soldat américains. On évoque aujourd'hui en catimini la possibilité d'envoyer ponctuellement des troupes au sol.
Comme d'autres, les Américains prennent conscience que ce ne sont ni les peshmergas, ni les armées irakienne, syrienne, turque, iranienne ou des pays arabes qui régleront ce conflit ; il faudra donc bien déployer des soldats au sol pour déloger Daech de ses bastions. Les esprits évoluent aux États-Unis, mais Barack Obama peut difficilement, en fin de mandat, se lancer dans une telle expédition. En revanche, son successeur sera amené, sans le dire, à envoyer des troupes au sol au Moyen-Orient.
Les Américains n'ont jamais intégré la SDN qu'ils percevaient comme un arrangement entre Européens ne respectant pas les quatorze points élaborés par le président Woodrow Wilson. Aujourd'hui, ils s'estiment à l'abri des conséquences pétrolières et migratoires du conflit, mais de plus en plus de responsables défendront l'idée que l'on ne peut pas laisser longtemps des pays sans État. Ils réfléchissent d'ailleurs à l'opportunité de soutenir un éventuel déploiement franco-italien en Libye, de la même façon qu'ils songent à une intervention au sol en Irak.