Aujourd’hui, le constat sur la crise est unanime : l’agriculture française décline de façon progressive et continue depuis dix à quinze ans. Production, surfaces cultivées, nombre d’agriculteurs, de salariés et d’exploitations, tous les chiffres démontrent un affaissement inquiétant. Cette crise agricole n’est pas homogène. Comme toutes les crises, elle touche durement les plus fragiles et la majorité de nos paysans souffrent. Nous devons entendre cette souffrance, liée à l’injustice dans les relations commerciales avec les grandes firmes agro-industrielles et la grande distribution, ainsi qu’à la concurrence faussée avec les compétiteurs étrangers.
Les conséquences de l’absence de réciprocité et d’équité dans les échanges sont ravageuses économiquement. Humainement, cette désespérance induit des situations dramatiques. Un agriculteur se suicide tous les deux jours en France. Selon l’Institut de veille sanitaire – INVS –, la catégorie sociale des agriculteurs exploitants est celle présentant la mortalité par suicide la plus élevée parmi toutes les catégories sociales.
Cette crise ne date pas d’hier, ni d’aujourd’hui. Elle est le résultat de profondes transformations de nos économies, et il ne s’agit pas de blâmer spécifiquement les précédents gouvernements ou la majorité actuelle. Monsieur le ministre, votre loi d’orientation a apporté des mesures utiles et fécondes. Mais force est de constater qu’aucune des lois passées ou présentes n’a pu contenir la crise ou résorber l’affaissement.
Dans la proposition de loi à l’ordre du jour, nous voyons beaucoup de bonnes intentions et plusieurs idées pertinentes. Mais il y a aussi des mesures fragiles juridiquement, d’autres dont le chiffrage est incertain, et des baisses de cotisations sociales qui posent des questions.
Ces baisses seraient financées par une hausse de TVA et de CSG, un choix lourd qui mérite une réflexion globale.